Le déraillement de Moirans.
Encore un accident de chemin de fer, qui a coûté la vie à deux voyageurs, et dans lequel 21 personnes ont été blessées!
C'est sur la ligne de Lyon à Grenoble, entre les gares de Voiron et de Moirans, que la catastrophe a eu lieu. Les causes n'en sont pas encore rigoureusement déterminées; mais si l'on peut reprocher peut être aux mécaniciens de ne pas s'être rendu suffisamment maître de leur vitesse, le service de la traction paraît avoir, de son côté, des fautes graves à se reprocher.
Le train, en effet, était remorqué par deux locomotives, dont l'une à voyageurs et l'autre à marchandises, celle-ci placée en tête du train. Or, la voie, dans cette région montagneuse, présente des déclivités considérables, et c'est une dangereuse imprudence que d'atteler, dans ces conditions, une machine à petite vitesse en tête d'un train destiné à marcher à une allure trop rapide pour elle, surtout quand une autre machine à roues à grand diamètre est derrière celle-là. Il peut en résulter des trépidations et des à coups qui, dans une longue descente comme celle où est arrivé l'accident, suffiraient à produire un déraillement, et à plus forte raison si la voie, comme on l'a dit, était dans un état défectueux.
C'est la seconde locomotive qui a déraillé, entraînant hors de la voie les douze wagons de voyageurs et les deux fourgons dont le train était composé.
Nos gravures montrent l'aspect effrayant que présentent les wagons projetés les uns sur les autres; de l'un d'eux rien ne subsiste de l'apparence primitive; ce ne sont plus que des fers tordus, des bois réduits en miettes, des coussins éventrés.
Et, par dessus cet amas informe, on aperçoit les tombes du cimetière de Moirans, qui semble placé là précisément pour recueillir les victimes de la catastrophe, car déjà, en 1889, en ce même endroit, une rencontre de trains avait eu lieu qui avait causé la mort de cinq voyageurs.
L'Illustration, 31 octobre 1891.
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