Vestibule d'un château en 1620.
Le tableau d'après laquelle a été exécutée la gravure que nous publions appartient au musée du Louvre. Il est porté aux inventaires sous la rubrique "Ancienne collection", c'est à dire qu'il existait dans les collections dès avant la révolution française, mais que, n'étant pas compris dans les inventaires dressés précédemment, sa provenance est restée inconnue.
Il représente une sorte de vestibule ou de salle de gardes d'un château, que l'on peut, à en juger par les proportions et la décoration de cette première pièce, appeler royal ou princier. Quel est ce château? C'est ce que nous ignorons encore, et ce que n'ont pu nous dire plusieurs personnes qui ont examiné attentivement le tableau.
Peut-être n'existe-t-il plus; ou bien, situé dans un pays étranger, est-il peu connu dans le nôtre. c'est donc une question que nous posons à nos lecteurs, et qui s'adresse particulièrement à ceux de Belgique et de Hollande; car la peinture indique la main d'un artiste de ce pays; elle est assez transparente et colorée, et la touche, sans être d'un maître très-habile, ne manque pas de sûreté ni d'esprit.
De ce que ce tableau est d'un peintre flamand ou hollandais, il ne s'ensuit pas nécessairement que le sujet ait été pris en Hollande ou en Flandre. Peut-on tirer quelque indice de l'architecture et de la décoration de la salle? Les hautes fenêtres sont doublées de volets divisés en compartiments indépendants, aux embrasures garnies de bancs; une double porte, en mettant la salle en communication avec le perron, empêche, au besoin, l'introduction trop rapide de l'air extérieur; des cadres suspendus à la muraille qui fait face au jour renfermant des paysages qui semblent être dans le goût qui était celui de la Flandre à l'époque où fut exécuté ce tableau.
La date 1620 se lit sur un des caissons du plafond. C'est d'ailleurs celle qu'indiquent les costumes: peut être y notera-t-on quelques détails qui permettront de deviner l'endroit où ils pouvaient être portés à cette date. Par exemple, le feutre à larges bords de l'un des personnages s'y rapporte mieux que les chapeaux de haute forme de ceux qui l'entourent. Ceux-ci paraissent avoir conservé une mode qui n'était pas celle de notre pays en 1620.
Une des particularités les plus remarquables à signaler est le billard qui sert d'amusement à quelques-uns de ceux qui attendent dans cette salle. C'est certainement un des plus anciens exemples que l'on puisse montrer de ce jeu, bien qu'il ait existé dès le seizième siècle, comme on l'a déjà prouvé par une lettre de Claude de France, duchesse de Lorraine, de l'année 1571.
Le Magasin pittoresque, juin 1876.
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