La dernière fleur de l'année.
Aux derniers beaux jours ont succédé les heures froides et nébuleuses de l'hiver. La nature, dépouillée de ses pompeux atours, a revêtu son blanc linceul. Les fleurs des champs se sont penchées alors sur leurs tiges flétries, et les arbres des bois ont vu s'effeuiller leurs rameaux. un silence de mort règne partout.
Cependant, au milieu de ce deuil universel, sur cette terre privée de végétation et de vie, une petite fleur s'élève pour nous consoler; mais, ainsi que tout ce qui croît sans soleil, elle ne se pare point de couleurs brillantes, et semble moins une réalité qu'un pâle reflet des trésors perdus.
La rose de Noël, c'est la fleur du souvenir; c'est un sourire au milieu des larmes, un signe de vie au milieu de la mort, image de ces joies fugitives qui traversent nos cœurs lorsque tout semble nous abandonner, et que notre horizon assombri ne laisse plus entrevoir pour le présent que tristesse, pour l'avenir que découragement.
Quelque mois après cette morne apparition de la rose de Noël, la nature semble s'agiter sous son linceul et vouloir sortir de son engourdissement; alors elle nous envoie deux timides messagères, osant à peine s'aventurer au milieu des frimas. La violette et la primevère, prémices de l'année, fleurs de l'espérance, annoncent le retour du soleil, de la verdure, des fruits, en un mot tout le brillant cortège qui se déroule sous nos yeux, depuis les premières lueurs du printemps jusqu'aux derniers feux de l'automne.
Chaîne admirable de la création, que chaque jour prolonge, en s'ajoutant au jour précédent comme un nouvel anneau; succession heureuse des saisons aux saisons, qui nous apportent toute notre part de jouissances plus ou moins nombreuses, plus ou moins senties, et surtout témoignage éclatant de la bonté divine, qui donne à chaque phase de la vie ses consolations!
Le Magasin pittoresque, décembre 1870.
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