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mardi 9 février 2016

La catastrophe du puits Marguerite.

La catastrophe du puits Marguerite.


Les houillères de la Machine, près de Decize (Nièvre) appartiennent à la Compagnie du Creusot et ont pour directeur M. Busquet.
C'est vers deux heures et demie, le 18 février, que l'explosion s'est produite au puits Marguerite, dont la profondeur est de 400 mètres. A ce moment 170 ouvriers travaillaient au fond; 19 ont été atteints par l'explosion et tués sur le coup.
Le puits Marguerite communique avec le puits Zagot, distant de deux kilomètres par un couloir qui fait aussi fonction de cheminée d'aération; ce puits Zagot occupe environ 250 ouvriers; l'explosion les a surpris et 17 ont été asphyxiés.
Si le 28 n'avait pas été un jour de fête, si le plus grand nombre d'ouvriers n'avaient pas, au moment de l'explosion, été rapprochés des ouvertures des puits pour sortir, le nombre des victimes eût été encore plus grand. Tous ceux qui étaient à un rayon de 8 à 900 mètres du puits sont restés sur le carreau, les uns brûlés, les autres asphyxiés.





Au puits Marguerite, on a retiré 18 cadavres dont 12 carbonisés, mais cependant reconnaissables; les asphyxiés ont tous un visage calme.
On a pu procéder aux opérations de sauvetage à cinq heures de l'après-midi, et à dix heures on avait retiré 35 morts et 8 blessés; 2 autres cadavres, ceux des nommés Lapetite et Joly, n'ont pu être retirés du puits que longtemps après.
Sur les 8 blessés, 5 sont morts quelques heures après être remontés du fond; 3 autres paraissent devoir survivre et ont pu donner des explications sur la nature de l'explosion. Ils déclarent qu'ils se sont vus entourés de flammes rouges à la suite de deux coups de mine qui ont débourré, expression usitée dans les mines.
Le préfet, les membres du parquet et toutes les autorités se sont rendus sur les lieux du sinistre.
La cause du désastre paraît être dans l'explosion de la poussière ténue du charbon qui existe dans les mines. Jamais on a constaté de grisou dans ces houillères, ce qui explique que le travail avait lieu avec des lampes à air libre.
Les obsèques des victimes ont été célébrées en présence d'une foule considérable. Au premier rang se trouvaient le préfet, le secrétaire général, le général Garnier, les conseillers de préfecture, un grand nombre de fonctionnaires, les représentants de la Compagnie du Creusot. L'évêque de Nevers présidait.
Plusieurs discours ont été prononcés par l'évêque, le préfet, M. Gros, conseiller général.
Les petits enfants et les femmes des victimes, en larmes, poussaient des cris déchirants; tous les assistants pleuraient.

Le Petit Moniteur illustré, dimanche 2 mars 1890.

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