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vendredi 5 février 2016

Le château de Lavardin.

Le château de Lavardin.


La tradition rapporte qu'au temps des Gallo-Francs de la période mérovingienne, alors que les druides accomplissaient encore les rites de leur culte dans la mystérieuse profondeur des forêts, il existait déjà, sur la rive droite du Loir, une place forte située à deux kilomètres de Montoire. Ce fut sur les ruines de cette forteresse, nommée Turris dominica (la Tour royale), qu'on vit s'élever, vers le milieu du onzième siècle, le premier château de Lavardin. Bâti sous le règne de Henri 1er (de 1031 à 1060), il formait l'un des points principaux de la ligne de défense destinée à faire obstacle à la jonction des Normands de la Loire avec les Normands de la Seine.




Commandant une vallée richement boisée et situé sur le troisième palier d'un promontoire qui surplombe le Loir, le château de Lavardin, par sa situation élevée et par les accidents naturels du sol qu'il dominait, était inabordable par eau aussi bien qu'inattaquable par terre.
Le premier possesseur de Lavardin que mentionne l'histoire locale se nommait Salomon; on lui attribue la fondation d'un prieuré dédié à saint Martin, dont il ne reste plus de vestiges.
Comme fief relevant d'une autorité supérieure, Lavardin était, suivant l'expression du vocabulaire féodal, dans la mouvance immédiate du comté de Vendôme. Les seigneurs de Lavardin avaient, ainsi que les seigneurs de Montoire, le titre de forestiers ou gardiens administrateurs de la forêt de Gastine.
La lignée directe des premiers maîtres de Lavardin s'étant éteinte vers la fin du douzième siècle, dans la personne du baron Jean, celui-ci eut pour successeur Bouchard, son neveu, lequel était fils du comte Jean de Vendôme.
De cette époque date la restauration du château, dont Richard d'Angleterre (Richard Cœur-de-Lion) essaya vainement de s'emparer en 1188.
C'est à Lavardin, restauré pour la seconde fois, deux siècles plus tard, par Jean de Bourbon, comte de Vendôme, qu'en 1447, le roi de France Charles VII vint habiter avec sa cour pendant le siège du Mans. L'une des grottes que l'on rencontre sur la route de Montoire à Lavardin a, dit-on, servi d'habitation aux fille d'honneur de la reine, et l'opinion populaire veut qu'elle doive à cette circonstance son nom de grotte des Vierges; mais comme on la nomme aussi grotte des Fées, on peut supposer que celle-ci fut, ainsi que celles qui l'avoisinent, habitée par les druidesses, dont la disparition n'eut lieu que vers la fin du sixième siècle.
Un sinistre événement, mis à la charge de la mémoire du roi Louis XI, se passa, le 6 janvier 1477, au château de Lavardin. Jean VIII de Bourbon y mourut subitement en ouvrant une lettre que le roi lui adressait: on a prétendu, mais sans pouvoir le prouver, que cette lettre était imprégnée d'un poison subtil.
Les ligueurs qui occupaient le château de Lavardin en furent délogés, en 1589, par François de Bourbon, prince de Conti.
A partir de sa soumission au pouvoir royal, le château de Lavardin cesse d'ajouter à la célébrité qu'il avait acquise comme monument historique. Le fief, qui n'avait autrefois que le titre de baronnie, fut érigé en marquisat, en 1601, par Henri IV, qui récompensa ainsi les services que lui avait rendu son ancien coreligionnaire, Jean de Beaumanoir, baron de Lavardin. On ne saurait citer le nom de cet ancien maréchal de France sans rappeler qu'il était un des seigneurs assis dans le carrosse de Henri IV quand ce prince fut assassiné.

Le Magasin pittoresque, mai 1875.

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