Comment Napoléon se rasait.
M. Frédéric Masson nous le dit dans une intéressante étude consacrée à la toilette de Napoléon. Après le bain, qu'il prenait très chaud, et qui durait une heure, on procédait à la barbe. deux valets de chambre étaient nécessaires pour cette opération. Constant présentait le bassin à barbe et le savon; Roustan tenait le grand miroir du côté du jour. L'empereur, en gilet de flanelle, s'inondait la moitié de la figure d'eau de savon, en jetait partout autour de lui; puis il s'essuyait, prenait un rasoir à manche de nacre garni en or, qu'on avait préalablement passé à l'eau chaude, et commençait à se raser de haut en bas, ce qui au début avait amené plusieurs accidents.
Un côté de la figure rasé, tout le monde tournait; Roustan, avec son miroir passait de droite à gauche ou de gauche à droite, suivant la lumière et l'opération continuait. L'empereur, avant de finir, demandait à chacun si la barbe était bien faite. Gai et plaisantant, il tirait volontiers les oreilles de ses valets de chambre s'il s'apercevait que quelque poil lui eut échappé. Les ongles faits, Napoléon quittait son gilet de flanelle, se faisait verser sur la tête de l'eau de Cologne, et avec une brosse rude se frottait lui-même la poitrine et les bras. Le valet de chambre frottait ensuite avec la brosse le dos et les épaules, puis frictionnait tout le corps avec de l'eau de Cologne. Cette habitude du frottage, que Napoléon avait, disait-il rapporté d'Orient et à laquelle il attribuait en partie sa santé, lui semblait des plus importantes. Il ne fallait pas qu'on le ménageât: "Plus fort! disait-il au valet de chambre, plus fort, comme un âne!"
Ainsi baigné, lavé, frotté, l'empereur s'habillait. Il endossait son gilet de flanelle, sur lequel, depuis 1808, il portait en campagne, suspendu par un cordon noir, un petit cœur en satin noir, du volume d'une grosse noisette. Sous l'enveloppe en soie était une autre enveloppe en peau, dans laquelle était enfermé le poison de Condorcet préparé suivant la formule de Cabanis.
Il eut, en 1812, du poison préparé par Yvan selon une formule différente; mais dès le départ vers l'Espagne, il avait pris ses précautions.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 11 février 1906.
Un côté de la figure rasé, tout le monde tournait; Roustan, avec son miroir passait de droite à gauche ou de gauche à droite, suivant la lumière et l'opération continuait. L'empereur, avant de finir, demandait à chacun si la barbe était bien faite. Gai et plaisantant, il tirait volontiers les oreilles de ses valets de chambre s'il s'apercevait que quelque poil lui eut échappé. Les ongles faits, Napoléon quittait son gilet de flanelle, se faisait verser sur la tête de l'eau de Cologne, et avec une brosse rude se frottait lui-même la poitrine et les bras. Le valet de chambre frottait ensuite avec la brosse le dos et les épaules, puis frictionnait tout le corps avec de l'eau de Cologne. Cette habitude du frottage, que Napoléon avait, disait-il rapporté d'Orient et à laquelle il attribuait en partie sa santé, lui semblait des plus importantes. Il ne fallait pas qu'on le ménageât: "Plus fort! disait-il au valet de chambre, plus fort, comme un âne!"
Ainsi baigné, lavé, frotté, l'empereur s'habillait. Il endossait son gilet de flanelle, sur lequel, depuis 1808, il portait en campagne, suspendu par un cordon noir, un petit cœur en satin noir, du volume d'une grosse noisette. Sous l'enveloppe en soie était une autre enveloppe en peau, dans laquelle était enfermé le poison de Condorcet préparé suivant la formule de Cabanis.
Il eut, en 1812, du poison préparé par Yvan selon une formule différente; mais dès le départ vers l'Espagne, il avait pris ses précautions.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 11 février 1906.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire