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samedi 1 mars 2014

M. Berthelot.

M. Berthelot.


M. Berthelot, le nouveau secrétaire perpétuel de l'Académie française, a près de soixante-deux ans; il est né le 25 octobre 1827 à Paris. Ses succès datent des bancs du collège; il remporta le prix d'honneur de philosophie au concours de 1846.
Jules Simon venait de publier son beau livre sur Le Devoir; Vacherot était directeur des études à l'Ecole normale; Cousin faisait paraître le cinquième et dernier volume de son Cours d'Histoire de la philosophie moderne; on rééditait les œuvres de Jouffroy, qui n'était mort que depuis quatre ans; on parlait encore de Royer-Collard dont on avait célébré les funérailles quelques mois auparavant. Le vent était donc aux études philosophiques et il semblait indiqué d'avance que le jeune lauréat dût suivre une carrière toute ouverte à ses aptitudes. 



Aussi étonna-t-il beaucoup ses amis lorsqu'il leur déclara qu'il voulait se vouer à l'étude des sciences. C'est qu'il voyait mieux que ceux qui l'entouraient sa véritable voie et il ne tarda pas à prouver qu'il avait raison. Cinq ans plus tard, en 1851, il était nommé préparateur du cours de chimie au collège de France. En 1859, il obtint la chaire de professeur de chimie organique à l'Ecole de pharmacie.
En 1861, l'Académie des sciences lui décernait un prix de 2.500 francs pour ses " Recherches de chimie relative à la reproduction par voie synthétique d'un certain nombre d'espèces chimiques existants dans les corps vivants."
En 1865, le gouvernement créa pour lui au Collège de France, la chaire de chimie organique. En 1870-1871, pendant le siège de Paris, il est appelé à la présidence du comité scientifique de défense, et dirigea la fabrication de la poudre, de la dynamite et des canons. Élu membre de l'Académie de médecine en 1863, il remplace Duhamel à l'Académie des sciences en 1873. Il succède à Balard en avril 1876 comme inspecteur général de l'instruction publique et à Wurtz, en 1881, comme président du comité consultatif des laboratoires municipaux et départementaux.
Le 16 juillet 1881, il est nommé sénateur inamovible.
Sans avoir recherché les fonctions politiques, il fait partie, en 1887, d'une combinaison ministérielle, accepte le portefeuille de l'instruction publique, et, pendant son ministère, de trop courte durée, introduit dans l'enseignement des réformes approuvées par tous les hommes compétents. 
Entre temps, le savant ne déserte pas son laboratoire ou bien, à ses heures de loisirs ou de méditation, il se reprend d'attachement pour la philosophie.
Quatre ordres principaux d'études occupent sa haute intelligence et son infatigable activité: la philosophie scientifique, l'histoire de la science, l'enseignement public, la politique. Il collabora  aux grandes publications périodiques, à la Revue des deux Mondes, de Buloz, à la Revue Germanique, de Dollfus, à la Nouvelle Revue, de Mme Adam, au Journal des Savants, aux revues spéciales de l'enseignement public; au journal Le Temps, depuis sa fondation par Nefftzer. Il donne, en 1860, son oeuvre capitale, la Chimie organique fondée sur la synthèse, développée dans ses Leçons sur les méthodes générales de synthèse.
Dans tous ses ouvrages et dans ceux qui leur firent suite, les vues philosophiques se joignent aux révélations scientifiques, car c'est là, pour tout dire, le caractère marquant de son oeuvre qui le place au premier rand des savants contemporains. Il a, par excellence, le don de la synthèse, ce don génial qui n'appartient qu'aux maîtres; il est de ceux pour qui une simple observation est le point de départ des conceptions générales les plus fécondes, des conclusions philosophiques les plus neuves.

                                                                                                                 Ch. Simond.

La petite revue, premier semestre 1889.

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