Chronique de l'émigration.
Nouvelle-Calédonie.
Concessions des terres.
Les concessions des terres aux colonies sont de deux natures: gratuites ou à titre onéreux. Les colonies qui accordent des concessions gratuites sont: l'Algérie, le Sénégal et la Nouvelle-Calédonie. Celles dont les concessions de terre s'obtiennent moyennant une redevance variable sont: Mayotte, Nossi-Bé, les Nouvelles-Hébrides, Tahiti, la Guyane, le Tonkin, et aussi le Sénégal et la Nouvelle-Calédonie.
En Algérie, en Nouvelle-Calédonie, à Tahiti et peut être aux Nouvelles-Hébrides le cultivateur français peut, sans danger réel, travailler lui-même la terre, mais dans les autres colonies, sauf exception, son rôle doit se borner à surveiller et diriger les indigènes qui seuls, sous ces climats, peuvent se livrer au travail de la terre.
En ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, voici d'après le Bulletin des renseignements coloniaux , les conditions auxquelles s'obtiennent les concessions des terres:
En dehors des concessions gratuites, qui deviennent définitives après l'accomplissement de certaines formalités, les terres du domaine s'obtiennent au prix de 24 francs l'hectare. Le prix est payable en douze ans, à raison de 50 centimes par hectare et par an les trois premières années; 1 franc pendant les trois suivantes; 2fr50 pendant les trois autres; 4 francs pendant les trois dernières. Ces versements doivent être faits par semestre et d'avance. Les concessions gratuites s'accordent aux émigrants, aux militaires et fonctionnaires congédiés ou retraités dans la colonie, aux enfants qui y sont nés. Les demandes de concessions s'adressent au gouverneur de la colonie. Les demandes de passages, à la Direction des Colonies au Ministère de la Marine.
L'émigration italienne.
Pendant les neuf premiers mois de cette année, l'émigration dépasse déjà le chiffre de 100.000 individus, de manière que, dès maintenant, on peut prévoir qu'à la fin de l'année, l'émigration atteindra 150.000; car le dernier trimestre de l'année fournit à l'émigration son plus fort contingent.
A côté de l'émigration permanente, il y a "l'émigration temporaire". Elle varie tous les ans entre 85 et 90.000 émigrants, qui se dirigent pour la plupart en France, en Suisse, en Autriche ou vers les états balkaniques.
L'émigration est surtout en augmentation dans certaines provinces de l'Emilie, où l'on ne pensait que peu ou pas à s'expatrier. Dans la province de Lucques, l'émigration des paysans est inférieure à celle des autres catégories d'émigrants. Un vingtième des agriculteurs qui émigrent appartiennent à la classe des petits propriétaires fonciers qui, avant de partir ont vendu leur lopin de terre ou bien l'on loué aux parents qui restent.
Le Moniteur de Rome , qui relève tous ces chiffres, arrive à la conclusion suivante: " Le projet de loi qui sera discuté à la Chambre pourra limiter, restreindre, empêcher même en partie l'émigration; il ne servira jamais à remédier à la misère de ces populations qui vont chercher ailleurs ce que la patrie ne peut leur offrir. Ce n'est pas d'une loi oppressive qu'elles ont besoin, elles ne demandent que du travail."
Journal des voyages, dimanche 6 janvier 1889.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire