Deux nobles effigies manquent à la France et à l'Espagne. Nul ne peut dire aujourd'hui où se trouve un portrait contemporain de Jeanne Darc; nul ne peut montrer une peinture vraiment authentique montrant les traits vénérables de Christophe Colomb. Dans cette disette de preuves iconographiques, on en est réduit à accepter des conjectures ou bien des à peu près qui tirent surtout leur valeur de leur plus ou moins d'ancienneté.
La petite image gravée sur bois que nous reproduisons ici a paru un siècle après la mort cruelle de la "divine" jeune fille ( c'est l'épithète dont se sert son antique biographe, lequel pouvait encore avoir sous les yeux des effigies sincères de Jeanne, si elles n'étaient habiles) : elle fait partie des nombreuses illustrations d'un traité historique publié à Lyon en 1538, sous ce titre : Regalium Franciæ libri duo. L'auteur est un certain Charles de Grassailles, originaire de la ville de Carcassonne, où il naquit en 1495, c'est à dire dans le siècle même qu'illustra Jeanne Darc par sa grandeur admirée de tous les peuples. Notre vieil écrivain, qui ne s'occupe, en effet, dans l'histoire de la France, que des droits de la couronne, la présente comme une sorte de phénomène comparable à ce que l'antiquité produisit de plus surprenant.
Le livre dont nous tirons cette petite gravure est resté pour ainsi dire ignoré. On le cite bien rarement, et cependant il obtint plusieures éditions; la seconde parut en 1545; le livre tomba ensuite complétement dans l'oubli.
Magasin pittoresque, janvier 1879.
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