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jeudi 15 août 2013

Boycottage.

Boycottage.

Il y a des mots dont tout le monde connaît le sens et qui sont indispensables pour exprimer une idée, des mots qui circulent de bouche en bouche depuis des années, qui ne sont ni vulgaires, ni triviaux, mais que l'Académie semble ignorer, et que la plupart des dictionnaires se refusent à placer dans leurs colonnes.
Le verbe boycotter est de ces mots-là. C'est en vain que nous avons feuilleté plusieurs lexiques de la langue française pour le découvrir: en fait il est "boycotté", ce qui signifie, d'après le Dictionnaire d'Oxford, "ignorer, tenir pour non existant, dans une sorte de mise hors la loi qui s'applique aux personnes, aux marchandises, etc." Pourtant, vous trouverez ce verbe dans tous les journaux et sous la plume d'excellents écrivains, ce qui lui donne de suffisants titres de naturalisation.
Son origine, vous l'avez deviné, est anglaise. Le mot a été adopté par presque toutes les langues européennes, peu après sa naissance en 1880. Il eut pour "parrain" un capitaine, le captain boycott, alors intendant des propriétés de Lord Erne, dans le comté de Mayo, en Irlande.
C'était à l'époque de la terrible agitation agraire fomentée dans la Verte Erin par les Fenians, le capitaine Boycott, qui avait fait expulser des fermiers, Boycott coupable d'être l'agent d'un propriétaire, fut le premier boycotté. Il fut défendu d'avoir aucun rapport avec lui, sous quelque motif que ce fût: la Grand League en avait ainsi décidé. Tous ses domestiques l'abandonnèrent; ses fournisseurs refusèrent de le servir.
On fut obligé de lui faire parvenir ses aliments et autres provisions par un bateau, spécialement affrété; et comme son blé devait être fauché, on lui adressa cinquante moissonneurs, Orangistes résolus d'Ulster, qui se mirent au travail, sous la protection de 900 soldats et de deux pièces d'artillerie de campagne.

Le journal de la jeunesse hebdomadaire illustré, premier semestre 1913.

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