Le Roi Victor Emmanuel III.
Le roi d'Italie est né à Naples le 11 novembre 1869. On se rappelle les circonstances dramatiques dans lesquelles il succéda, en 1900, à son père Humbert 1er, frappé dans sa voiture, à Monza, par les coups de revolver de l'anarchiste Gaetano Bresci.
Victor-Emmanuel, qui n'était alors que prince de Naples, passa sa première jeunesse à Monza et à Rome. Jusqu'à l'âge de douze ans, il fut élevé par sa mère, la reine Marguerite d'Italie, morte aujourd'hui; elle avait du sens artistique, une intelligence cultivée, et elle s'appliqua à éveiller le goût du travail, dans l'esprit de son fils. De douze à vingt ans, on le confia au colonel Egidio Osio qui l'exerça au maniement des armes, tandis que M. Morandi complétait son éducation.
M. Morandi n'avait été sans éprouver quelque inquiétude le jour où Humbert 1er l'avait désigné pour cet honneur périlleux.
Instruire le prince! Former un homme n'est pas chose facile; encore, si l'on échoue, ne fait-on qu'un inutile de plus; mais former un roi! bien mieux, former son roi! Endosser pour partie, la responsabilité d'un règne, voici qui mérite réflexion. M. Morandi n'avait pas le droit d'hésiter, mais il se demandait avec crainte si son élève profiterait de ses leçons, s'il lui ferait honneur. Il se rassura bientôt: Victor Emmanuel avait l'esprit très ouvert, très observateur, porté même à la critique; il avait de plus une excellente mémoire. Son précepteur ne se réjouit pas moins de ses qualités de coeur: un jour qu'il lisait, avec M. Morandi, l'ouvrage de Silvio Pellico "Mes prisons", il témoigna une grande émotion au récit des souffrances endurées par Maconcelli et lança une exclamation indignée contre les Autrichiens.
- C'est le passé, lui dit vivement M. Morandi. Aujourd'hui, nous sommes alliés.
Les leçons du précepteur portaient sur des sujets divers; la littérature y occupait une grande place à côté de connaissances plus spéciales, telle que l'archéologie, la numismatique. Cette dernière science, entre toutes, passionnait le prince, qui n'a pas cessé de s'y intéresser: il possède aujourd'hui plus de 60.000 pièces et il met la dernière main à un magnifique ouvrage sur les monnaies d'Italie, dont le prix sera de 150.000 francs. Ce ne sera pas à proprement parler un livre de vulgarisation.
Non content d'orner l'esprit de son élève, M. Morandi lui inculqua des principes d'hygiène sévères. C'est à lui que les Italiens doivent d'avoir, pour la première fois depuis longtemps, un roi qui ne fume pas.
Victor Emmanuel sut de bonne heure le français: c'était la langue parlée dans la famille royale. Il eut une gouvernante pour apprendre l'anglais, et un valet de chambre florentin pour s'habituer à parler le pur toscan.
Les voyages font partie du programme de toute éducation bien conduite. Le prince visita d'abord son pays, puis la Grèce, la Turquie, le Caucase. L'année suivante, il traversa la Grande-Bretagne, les Pays-bas, la Belgique, la Scandinavie. Il a passé des revues avec l'empereur Guillaume; au couronnement de Nicolas II, il représentait l'Italie. C'est à ce moment qu'il rencontra pour la deuxième fois la princesse Hélène, fille du prince de Monténégro. Cette gracieuse jeune fille aux yeux noirs, au visage régulier et sympathique, dont le type oriental avait fait sur lui une profonde impression avait alors vingt-trois ans. Il l'épousa quelques mois après.
Les sujets du roi Humbert ne montrèrent pas pour ce mariage autant d'enthousiasme que son fils. Ils auraient acclamé davantage une princesse issue d'une famille royale d'Allemagne ou d'Autriche. Mais le Monténégro!...
Aujourd'hui le couple royal a toutes les sympathies de la nation.
Jean-Louis.
Mon dimanche, revue populaire illustrée, 24 mars 1907.
M. Morandi n'avait été sans éprouver quelque inquiétude le jour où Humbert 1er l'avait désigné pour cet honneur périlleux.
Instruire le prince! Former un homme n'est pas chose facile; encore, si l'on échoue, ne fait-on qu'un inutile de plus; mais former un roi! bien mieux, former son roi! Endosser pour partie, la responsabilité d'un règne, voici qui mérite réflexion. M. Morandi n'avait pas le droit d'hésiter, mais il se demandait avec crainte si son élève profiterait de ses leçons, s'il lui ferait honneur. Il se rassura bientôt: Victor Emmanuel avait l'esprit très ouvert, très observateur, porté même à la critique; il avait de plus une excellente mémoire. Son précepteur ne se réjouit pas moins de ses qualités de coeur: un jour qu'il lisait, avec M. Morandi, l'ouvrage de Silvio Pellico "Mes prisons", il témoigna une grande émotion au récit des souffrances endurées par Maconcelli et lança une exclamation indignée contre les Autrichiens.
- C'est le passé, lui dit vivement M. Morandi. Aujourd'hui, nous sommes alliés.
Les leçons du précepteur portaient sur des sujets divers; la littérature y occupait une grande place à côté de connaissances plus spéciales, telle que l'archéologie, la numismatique. Cette dernière science, entre toutes, passionnait le prince, qui n'a pas cessé de s'y intéresser: il possède aujourd'hui plus de 60.000 pièces et il met la dernière main à un magnifique ouvrage sur les monnaies d'Italie, dont le prix sera de 150.000 francs. Ce ne sera pas à proprement parler un livre de vulgarisation.
Non content d'orner l'esprit de son élève, M. Morandi lui inculqua des principes d'hygiène sévères. C'est à lui que les Italiens doivent d'avoir, pour la première fois depuis longtemps, un roi qui ne fume pas.
Victor Emmanuel sut de bonne heure le français: c'était la langue parlée dans la famille royale. Il eut une gouvernante pour apprendre l'anglais, et un valet de chambre florentin pour s'habituer à parler le pur toscan.
Les voyages font partie du programme de toute éducation bien conduite. Le prince visita d'abord son pays, puis la Grèce, la Turquie, le Caucase. L'année suivante, il traversa la Grande-Bretagne, les Pays-bas, la Belgique, la Scandinavie. Il a passé des revues avec l'empereur Guillaume; au couronnement de Nicolas II, il représentait l'Italie. C'est à ce moment qu'il rencontra pour la deuxième fois la princesse Hélène, fille du prince de Monténégro. Cette gracieuse jeune fille aux yeux noirs, au visage régulier et sympathique, dont le type oriental avait fait sur lui une profonde impression avait alors vingt-trois ans. Il l'épousa quelques mois après.
Les sujets du roi Humbert ne montrèrent pas pour ce mariage autant d'enthousiasme que son fils. Ils auraient acclamé davantage une princesse issue d'une famille royale d'Allemagne ou d'Autriche. Mais le Monténégro!...
Aujourd'hui le couple royal a toutes les sympathies de la nation.
Jean-Louis.
Mon dimanche, revue populaire illustrée, 24 mars 1907.
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