Rochegrosse.
M. Rochegrosse avait à peine cinq ans quand sa mère épousa en secondes noces Théodore de Banville. Le poète prit intérêt à cette jeune intelligence, mais la laissa se développer librement. De bonne heure, M. Rochegrosse mania le crayon avec habileté; à dix-sept ans, il se faisait attaché à un journal illustré: la Vie Moderne, en même temps que Forain.
Il entra bientôt à l'école des Beaux-Arts et concourut pour le prix de Rome en 1880 et en 1882.
Chaque fois, il échoua. Ces insuccès sont consolants pour les concurrents malheureux, car ils prouvent qu'on peut rater le prix de Rome et avoir néanmoins quelques dispositions pour la peinture.
M. Rochegrosse prit sa revanche et il eut enfin un prix, le prix du Salon, avec sa toile intitulée Andromaque*. Il avait vingt-quatre ans et exposait pour la deuxième fois. Cette récompense lui amena des sympathies et encouragea beaucoup de gens à dire le bien qu'ils pensaient de ce débutant.
L'Etat est un bienfaiteur sévère; il ne veut pas que le prix du Salon serve seulement à faciliter les plaisirs de Messieurs les rapins. Un voyage d'études est obligatoire pour l'artiste couronné. Comme le veut le règlement M. Rochegrosse voyagea.
Il partit en Italie. Où vouliez-vous que partit cet élève de l'Ecole qui avait peint pour ses débuts une Vitelius traîné dans les rues de Rome* On attendit son retour avec impatience et les études qu'il ne manquerait pas de rapporter du séjour éternel des arts et des jeunes mariés. Il n'en rapporta qu'une fièvre typhoïde et un goût marqué pour les sujets orientaux.
Un voyage en Afrique, qu'il fit après son rétablissement, développa encore ce goût. Tunis l'intéressa particulièrement. Au nombre des littérateurs qui fréquentaient la maison de Théodore de Banville, se trouvait Gustave Flaubert à qui le jeune peintre avait voué une admiration profonde.
Il s'était chargé d'illustrer Salammbô* et son imagination, aidée par les magnifiques émotions du romancier, retrouvait Carthage dans ses ruines.
Depuis lors, M. Rochegrosse retourne en Afrique tous les hivers; il se coupe la barbe en pointe et les cheveux en frange, s'entoure jusqu'au menton d'un habit de velours, et ressemble ainsi à un mage vénitien, autant qu'à un clerc de la Basoche.
D'importantes et belles compositions, plus remarquable que son déguisement lui furent inspirées par l'Orient: Salomé danse devant le roi Hérode* (1887).
La Mort de Babylone* (1891), qu'il mit trois ans et demi à peindre et qui appartient aujourd'hui à un Américain de Boston; La Reine de Saba allant voir le roi Salomon* (1901), dont il a lui-même exécuté le cadre, car il ne pratique pas seulement la peinture, mais aussi la sculpture, la mosaïque et la décoration.
Quand j'aurai ajouté que M. Rochegrosse aime passionnément la musique et l'escrime, j'en aurai assez dit pour donner une idée de cet artiste universel aux personnes qui n'auraient jamais entendu parler de lui.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 3 février 1907.
* Nota de Célestin Mira:
L'Etat est un bienfaiteur sévère; il ne veut pas que le prix du Salon serve seulement à faciliter les plaisirs de Messieurs les rapins. Un voyage d'études est obligatoire pour l'artiste couronné. Comme le veut le règlement M. Rochegrosse voyagea.
Il partit en Italie. Où vouliez-vous que partit cet élève de l'Ecole qui avait peint pour ses débuts une Vitelius traîné dans les rues de Rome* On attendit son retour avec impatience et les études qu'il ne manquerait pas de rapporter du séjour éternel des arts et des jeunes mariés. Il n'en rapporta qu'une fièvre typhoïde et un goût marqué pour les sujets orientaux.
Un voyage en Afrique, qu'il fit après son rétablissement, développa encore ce goût. Tunis l'intéressa particulièrement. Au nombre des littérateurs qui fréquentaient la maison de Théodore de Banville, se trouvait Gustave Flaubert à qui le jeune peintre avait voué une admiration profonde.
Il s'était chargé d'illustrer Salammbô* et son imagination, aidée par les magnifiques émotions du romancier, retrouvait Carthage dans ses ruines.
Depuis lors, M. Rochegrosse retourne en Afrique tous les hivers; il se coupe la barbe en pointe et les cheveux en frange, s'entoure jusqu'au menton d'un habit de velours, et ressemble ainsi à un mage vénitien, autant qu'à un clerc de la Basoche.
D'importantes et belles compositions, plus remarquable que son déguisement lui furent inspirées par l'Orient: Salomé danse devant le roi Hérode* (1887).
La Mort de Babylone* (1891), qu'il mit trois ans et demi à peindre et qui appartient aujourd'hui à un Américain de Boston; La Reine de Saba allant voir le roi Salomon* (1901), dont il a lui-même exécuté le cadre, car il ne pratique pas seulement la peinture, mais aussi la sculpture, la mosaïque et la décoration.
Quand j'aurai ajouté que M. Rochegrosse aime passionnément la musique et l'escrime, j'en aurai assez dit pour donner une idée de cet artiste universel aux personnes qui n'auraient jamais entendu parler de lui.
Jean-Louis.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 3 février 1907.
* Nota de Célestin Mira:
Andromaque de Rochegrosse.
Le sacrifice d'Astyanax, fils d'Andomaque.
Musée des Beaux Arts de Rouen.
Vitelius traîné dans les rues de Rome de Rochegrosse.
Vitelius traîné dans les rue de Rome par la populace.
Musée de Sens.
Projets de personnage pour l'illustration de Salammbô de Gustave Flaubert
par Rochegrosse.
Salomé danse devant le roi Hérode.
par Rochegrosse (1887)
La Fin de Babylone
par Rochegrosse (1891)
L'arrivée de la Reine de Saba
par Rochegrosse (1901)
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