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mercredi 1 novembre 2017

Chronique du 7 février 1858.

Chronique du 7 février 1858.

Voici un fait vrai, et dans lequel abondent les éléments du drame le plus sombre.
A Weymouth, une femme, à son lit de mort, a révélé un crime accompli il y a un demi siècle.
On avait trouvé, à la tête du vieux pont, le cadavre d'un homme enveloppé dans un drap de toile, et cette découverte avait provoqué dans la ville une sensation profonde. L'examen du cadavre avait permis de constater que la mort était le résultat d'un coup violent porté sur la tête à l'aide d'un instrument de fer contondant. Des traces de sang qui régnaient dans toute la longueur du pont avait conduit jusqu'à la maison habitée par la femme qui a fait des aveux en mourant.
On supposa que la victime, dont le nom était Tillroyd Morgan, joaillier-graveur de son état, avait dû se trouver dans cette maison avec un fermier nommé Hardy, du village de Chickerell, lequel est mort il y a quelques années seulement, et que c'était dans quelque rixe que Morgan avait succombé sous les coups de Hardy.
Les révélations in extremis ont appris qu'après le coup porté on avait mis le cadavre dans un sac de toile, qu'on avait placé sur le cheval de Hardy, resté jusque là en dehors à la porte de la maison, et qu'on s'était dirigé vers le pont, afin de jeter le paquet dans la rivière. Il paraît que ce projet fut dérangé par des voix qui se firent entendre, et qu'après avoir traversé le pont on déposa le cadavre dans la rue qui y aboutit.
Le lendemain, à la naissance du jour, un ouvrier se rendant à son travail trouva le cadavre, donna l'éveil à la police, et, à l'aide des traces de sang on put arriver jusqu'à la maison où le crime avait été commis. La femme qui tenait cette maison et toutes les personnes qui l'habitaient furent arrêtées, et l'instruction criminelle commença. Hardy y fut compris, et l'affaire déférée au jury de Dorchester. Les preuves manquèrent de précision; tous les accusés furent acquittés.
Depuis cette époque, Hardy fut constamment malheureux. On prétend aussi que son cheval ne voulut jamais passer devant la maison qui avait été le théâtre du crime, et que son maître fut obligé de le vendre.
Il y a quelques jours, le dernier auteur encore vivant de ce drame rendait le dernier soupir; c'était la femme Priscilla Guppy. Elle avait atteint l'âge de quatre-vingt-dix ans, et elle était tourmentée, sur son lit de mort, par des remords et par des visions terribles. Elle avait avoué qu'elle avait, de concert avec Hardy, porté des coups de pocker à Morgan. Elle implorait le pardon de Dieu et manifestait le repentir de son crime.

- Dernièrement, un ficelier d'Illeville, le nommé Happey, était allé avec sa femme chez un boulanger d'Ecaquelon, qu'ils avaient quittés à cinq heures du soir. Happey, qui est sonneur à Illeville, a déclaré que, craignant d'arriver trop tard pour l'Angélus, il avait en revenant, laissé sa femme suivre avec leur voiture la grande route, et qu'il avait pris un chemin de traverse qui le conduisait plus rapidement à l'église.
Après avoir sonné l'Angelus, Happey arriva à son logis, où il fit très-étonné de ne pas trouver sa femme, qui devait être arrivée avant lui; il alla au devant d'elle, par le chemin où il supposait la rencontrer. N'ayant rien vu à cause de l'obscurité, il rentra chez lui et repartit le lendemain au petit jour, pour continuer ses recherches.
C'est alors qu'il aperçut, dans un champ voisin de la route, sa voiture et son cheval. Il y courut aussitôt et trouva dans la carriole le cadavre de sa femme, qui avait été assassinée et qui était abandonnée là depuis la veille. Cette malheureuse était étendue sur le devant de la voiture, nu-tête, la chevelure en désordre, les vêtements ensanglantés comme si elle avait été renversée après une lutte soutenue contre ses assassins.

- Il y a quelque temps, vers six heures du soir, sur la route longeant la forêt de Rambouillet, deux individus ont attaqué une marchande bouchère pour lui prendre une somme de cent francs qu'elle avait dans sa voiture. Au moment où l'un deux s'apprêtait à la saisir, elle lui porta un coup de son couteau de boucher sur le bras, ce qui le fit tomber sur la route. S'étant ainsi débarrassée d'un de ses assaillants, elle fouetta vigoureusement son cheval, qui partit au galop en renversant celui qui avait arrêté la voiture. 
Cette courageuse femme put alors arriver saine et sauve à Rambouillet, où elle s'empressa de faire sa déposition à la gendarmerie.

- Dernièrement, à Aulnat, au moment où sonnaient les vêpres, la cloche de l'église s'est détachée de ses supports, et, lancée dans l'espace, est venue tomber sur un jeune homme de la commune et lui a brisé les reins. Transporté immédiatement chez ses parents, la victime de cet affreux accident a reçu les soins d'un médecin, mais déjà il y avait paralysie complète des membres, et l'homme de l'art ne conservait aucun espoir de guérison.

                                                                                                               Paul de Couder.

Journal du Dimanche, 7 février 1858.

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