Château de Domfront.
(Département de l'orne)
(Département de l'orne)
Le donjon est muet. La bannière éclatante
N'apparaît plus au loin, sur les créneaux flottante
La garde au haut des murs ne veille plus la nuit,
Et dans la morne enceinte on n'entend aucun bruit.
Bastions démolis, murailles délaissées!
Vieux remparts, hautes tours jusqu'au sol abaissées,
Une mousse grisâtre et des lichens flétris
Végètent à regrets sur vos tristes débris.
Des débris! sous le temps leur vestige s'efface
Et de la tour de Presle on cherche en vain la trace.
Pour mieux anéantir les restes de ces tours,
De la bêche et du soc empruntant le secours
L'homme a joint ses efforts aux lents efforts de l'âge.
Les glacis, les fossés, jadis teints de carnage,
Par cent bras réunis dans la roche creusés,
En jardins aujourd'hui sont métamorphosés:
La vigne s'y mêlant aux pèches empourprées
Tapisse les vieux murs de ses grappes dorées;
Et la rose vermeille, au teint éblouissant
Orne et parfume un sol rougi de tant de sang.
Seul et veuf de ses tours dès longtemps mutilées,
Et par ordre d'un roi, jadis démantelées,
Parmi tant de débris le donjon est resté,
Debout, inébranlable, et beau de vétusté.
Ces vers harmonieux de Chênedollé datent de peu d'années. Les ruines de Domfront sont encore aujourd'hui telles que les a vues le poëte (1); elles ne s'affaissent qu'insensiblement sous la main du temps, qui ne semble renverser les monuments qu'avec regret. Il faut plus de jours pour la chute de quelques pierres que pour la destruction de l'homme.
Le château de Domfront intéresse à la fois par sa situation, son ancienneté et ses souvenirs. Ce fut un Guillaume de Belleme qui le fit bâtir au commencement du onzième siècle, vers 1020, sur ce rocher escarpé d'où l'on domine de si haut la vallée et la petite rivière de Varennes.
"L'enceinte de ce château n'était pas étendue, dit l'auteur d'un ouvrage déjà plusieurs fois cité dans ce recueil (2). Il consistait principalement en un donjon carré, flanqué de quatre grosses tours, dont on ne voit plus que deux pans se coupant à angles droits, et offrant chacun une longueur de 13 mètres environ, sur 20 de hauteur. La maçonnerie, d'une dureté à toute épreuve, est en roches jetées confusément dans un bain de chaux, avec un revêtement extérieur de pierres de granit de petites dimensions, assez semblable à celui du château de Falaise. Les ouvertures étaient à plein cintre sans ornements ni manteaux. Les contreforts, de 50 centimètres, se trouvaient aux angles et sur les différentes façades. Les murs avaient plus de deux mètres d'épaisseur; sous ses fondements passaient des souterrains qui communiquaient, en suivant les pentes de la colline, avec le dehors de la place. On en montre encore un, construit en maçonnerie, à voûte presque pointue, et tellement étroit que deux personnes peuvent à peine y marcher de front; des enfoncements s'y remarquent de cinq en cinq pas sur un des côtés. Peut-être ce souterrain est-il moins ancien que la ruine majestueuse au-dessous de laquelle il se trouve placé. Un fossé séparait la ville de l'enceinte du château fort; on voit les murs du pont-levis qui servait à communiquer de l'un à l'autre."
Dès 1029, le château de Domfront soutenait contre Guillaume, duc de Normandie, un siège qui a été un sujet de chants pour les anciens trouvères. Plus tard il eut à se défendre contre Guillaume le Conquérant, Robert, duc de Normandie, et Philippe de France.
Sa dernière lutte, en 1574, est aussi la plus fameuse. Mézeray, de Thou, d'Aubigné et un grand nombre d'autres historiens en ont raconté les incidents dramatiques. Chênedollé l'a célébré dans le poëme dont nous avons rappelé quelques vers. Le héros intrépide et malheureux de ce siège fut Gabriel de Lorges, seigneur de Montgommery, qui avait blessé mortellement Henri II, au tournoi de 1559. Il était l'un des chefs du parti protestant. Échappé à la Saint- Barthélemy, il avait fui en Angleterre; mais, impatient de revenir en sa patrie, appelé par ses coreligionnaires, il descendit une première fois, sans succès, sur les côtes de la Manche en 1573; puis il y débarqua plus résolument au mois de mars 1574.
A peine en marche, il fut pourchassé si vigoureusement par Matignon, qu'étant en danger d'être pris à Saint-Lô, il dut se jeter dans le Perche et le Maine. Le 8 mai, il arriva avec soixante cavaliers à Domfront, où il trouva quatre-vingt arquebusiers sous les ordres du capitaine Latouche. Le même jour, plusieurs gentilshommes vinrent se réunirent à lui avec quarante cavaliers. Son projet était de ne rester que peu de temps à Domfront. Mais dès le lendemain 9, le château et la ville était entourés par une partie des troupes de Matignon. Les murailles, sans réparations depuis un siècle, n'étaient pas en état de défense. Les habitants, pour la plupart catholiques, étaient sortis sans laisser d'approvisionnements; on manquait de munitions; enfin, on n'avait eu le temps de garder aucune des positions extérieures. Les assiégeants, au contraire, étaient bien approvisionnés, bien fournis d'armes et avaient du canon. D'ailleurs leur force s'accroissait à chaque instant: au nom de la reine et sur l'appel de Matignon, de nouveaux renforts accoururent de toutes parts, gentilshommes et soldats, tous "promptement et joyeusement, comme pour prendre une beste furieuse et qui a gasté tout un pays," dit une relation contemporaine. Ils furent bientôt plus de six mille arquebusiers et douze cents cavaliers. Il était également impossible à Montgommery, qui n'avait que cent cinquante hommes, de fuir avec eux et de vaincre. De sa personne seule il pouvait échapper: d'Aubigné, qui se trouvait dans le parti ennemi, lui en offrait les moyens; il refusa et résolut de se défendre et de mourir. Quelques uns de ses compagnons le trahirent et l'abandonnèrent. D'autres tentèrent, à plusieurs reprises des sorties où ils firent preuve d'une audace et d'un courage admirables; mais ils leur fallut céder au nombre et rentrer.
Du 9 au 23, il n'y eut guère que des escarmouches: à cette dernière date, les catholiques employèrent tout leur canon; plus de sis cents coups furent tirés; une tour s'écroula, et les assaillants se précipitèrent dans la ville.
"Le 24, il y eut une brèche dans la courtine du château. En vain Montgommery fait une sortie avec tout son monde et tente d'enclouer le canon; il est ramené avec perte sur le glacis. Sommé de nouveau de se rendre, avec promesse de la vie sauve s'ils voulaient livrer leur général, les assiégés répondent en jurant de mourir avec lui. Cette injurieuse proposition a redoublé leur ardeur. D'une heure à deux, les arquebusiers recommencent un feu nourri et meurtrier. Le rideau de fumée se déchire enfin, et l'on aperçoit au pied du mur les colonnes d'assaut qui s'avancent. Ce sont d'abord cent gentilshommes cuirassés, pris dans chaque compagnie de gendarmerie; puis six cents arquebusiers de Sainte-Colombe et de Lucé, avec morion en tête, et dix piquiers corselés, qui, réunis aux volontaires, forment un effectif de quatre mille hommes.
Fervaques, Villarmois, Sainte-Colombe, Riberprey et Lavardin sont à leur tête. Devant eux, debout sur la brèche, Montgommery en pourpoint!, une hache d'armes à la main, ordonne au ministre La Butte de Clinchamp de faire la prière. Barbes grises et fringants cavaliers s'inclinent un moment, puis se relèvent sous le feu de l'ennemi. Il ne restait plus guère qu'une cinquantaine à défendre ces ruines. Montgommery y prend la droite de la brèche; les boulets, les balles et les grenades pleuvent autour de lui. Les combattants des deux partis ne se reconnaissent plus qu'à la voix; au milieu de la flamme et la fumée, la mêlée devient affreuse. Les cadavres s'entassent autour des murailles; cent soixante hommes du parti catholique sont mis hors de combat; mais les assiégés ont douze morts et douze blessés. encore un petit triomphe et la défaite est certaine."
Pendant la nuit suivante, Montgommery coucha sur la brèche. Le matin, en regardant autour de lui, il se trouva encore abandonné: huit des siens, parmi lesquels un gentilhomme, s'étaient encore dérobés par les casemates, et il restait, lui quinzième, au milieu des ruines. Il visita les poudres, et il n'en restait plus pour un assaut; les magasins et les citernes, il ne restait ni eau ni vivres pour la journée. La défense devenait impossible. Le drapeau blanc fut arboré en haut du donjon, et le tambour battit la chamade pour demander un armistice. Après plusieurs pourparlers sans résultat sur les conditions de la capitulation, le 27 au soir, il fut convenu que Montgommery se rendrait à la miséricorde du roi, sans autres armes que la dague et l'épée; et que ses compagnons auraient la vie sauve. Matignon et Vassé s'engagèrent à écrire à la reine en faveur de Montgommery, et à aller au besoin la supplier en cour. De Thou prétend même qu'ils lui promirent qu'il aurait la vie sauve comme ses compagnons.
Vers minuit, ils allèrent chercher le comte; il était vêtu d'une garguesque et d'un collet de buffle passementés de fils d'argent. Le lendemain matin, à sept heures, Matignon retourna au château pour délivrer la petite garnison; mais une foule de soldats catholiques se précipitèrent à sa suite et massacrèrent les prisonniers; quelque-uns cependant, après avoir été dépouillés de tout ce qu'ils avaient d'armes et d'argent, s'en allèrent avec des bâtons blancs. Un billot et une potence furent dressés; on y suspendit le ministre La Butte, le jeune Latouche et Le Hérissé, chef de partisans. Quant à Montgommery, conduit à Saint-Lô, puis à Paris, il fut jugé par le parlement, et le 26 juin il eut la tête tranchée sur la place de Grève. La reine assista à l'exécution. L'Estoile rapporte une belle parole de Montgommery en ses derniers instants. L'arrêt déclarait ses enfants roturiers: "J'y souscris, dit-il, s'ils n'ont la vertu des nobles pour s'en relever."
En avril 1580, Jean de la Ferrière, baron de Vernie, s'empara du château de Domfront pour la ligue; mais, en décembre, les habitants, secondés par un envoyé de Henri IV, le chassèrent.
En 1598, le château et les autres fortifications de la ville furent rasés par ordre de Henri IV. La royauté continuait à démanteler la féodalité.
Aujourd'hui, les restes du château ne sont plus qu'un objet de curiosité et de respect pour l'artiste, l'historien ou le voyageur instruit. La ville, d'un aspect agréable, compte moins de deux mille habitants. On y fait le commerce des toiles, des coutils et des bestiaux. Les étrangers y sont accueillis avec honnêteté et bienveillance, malgré le proverbe singulier dont on a vainement cherché la véritable explication:"Domfront, ville de malheur! arrivé à midi, pendu à une heure; pas seulement le temps de dîner!"
Le château de Domfront intéresse à la fois par sa situation, son ancienneté et ses souvenirs. Ce fut un Guillaume de Belleme qui le fit bâtir au commencement du onzième siècle, vers 1020, sur ce rocher escarpé d'où l'on domine de si haut la vallée et la petite rivière de Varennes.
"L'enceinte de ce château n'était pas étendue, dit l'auteur d'un ouvrage déjà plusieurs fois cité dans ce recueil (2). Il consistait principalement en un donjon carré, flanqué de quatre grosses tours, dont on ne voit plus que deux pans se coupant à angles droits, et offrant chacun une longueur de 13 mètres environ, sur 20 de hauteur. La maçonnerie, d'une dureté à toute épreuve, est en roches jetées confusément dans un bain de chaux, avec un revêtement extérieur de pierres de granit de petites dimensions, assez semblable à celui du château de Falaise. Les ouvertures étaient à plein cintre sans ornements ni manteaux. Les contreforts, de 50 centimètres, se trouvaient aux angles et sur les différentes façades. Les murs avaient plus de deux mètres d'épaisseur; sous ses fondements passaient des souterrains qui communiquaient, en suivant les pentes de la colline, avec le dehors de la place. On en montre encore un, construit en maçonnerie, à voûte presque pointue, et tellement étroit que deux personnes peuvent à peine y marcher de front; des enfoncements s'y remarquent de cinq en cinq pas sur un des côtés. Peut-être ce souterrain est-il moins ancien que la ruine majestueuse au-dessous de laquelle il se trouve placé. Un fossé séparait la ville de l'enceinte du château fort; on voit les murs du pont-levis qui servait à communiquer de l'un à l'autre."
Dès 1029, le château de Domfront soutenait contre Guillaume, duc de Normandie, un siège qui a été un sujet de chants pour les anciens trouvères. Plus tard il eut à se défendre contre Guillaume le Conquérant, Robert, duc de Normandie, et Philippe de France.
Sa dernière lutte, en 1574, est aussi la plus fameuse. Mézeray, de Thou, d'Aubigné et un grand nombre d'autres historiens en ont raconté les incidents dramatiques. Chênedollé l'a célébré dans le poëme dont nous avons rappelé quelques vers. Le héros intrépide et malheureux de ce siège fut Gabriel de Lorges, seigneur de Montgommery, qui avait blessé mortellement Henri II, au tournoi de 1559. Il était l'un des chefs du parti protestant. Échappé à la Saint- Barthélemy, il avait fui en Angleterre; mais, impatient de revenir en sa patrie, appelé par ses coreligionnaires, il descendit une première fois, sans succès, sur les côtes de la Manche en 1573; puis il y débarqua plus résolument au mois de mars 1574.
A peine en marche, il fut pourchassé si vigoureusement par Matignon, qu'étant en danger d'être pris à Saint-Lô, il dut se jeter dans le Perche et le Maine. Le 8 mai, il arriva avec soixante cavaliers à Domfront, où il trouva quatre-vingt arquebusiers sous les ordres du capitaine Latouche. Le même jour, plusieurs gentilshommes vinrent se réunirent à lui avec quarante cavaliers. Son projet était de ne rester que peu de temps à Domfront. Mais dès le lendemain 9, le château et la ville était entourés par une partie des troupes de Matignon. Les murailles, sans réparations depuis un siècle, n'étaient pas en état de défense. Les habitants, pour la plupart catholiques, étaient sortis sans laisser d'approvisionnements; on manquait de munitions; enfin, on n'avait eu le temps de garder aucune des positions extérieures. Les assiégeants, au contraire, étaient bien approvisionnés, bien fournis d'armes et avaient du canon. D'ailleurs leur force s'accroissait à chaque instant: au nom de la reine et sur l'appel de Matignon, de nouveaux renforts accoururent de toutes parts, gentilshommes et soldats, tous "promptement et joyeusement, comme pour prendre une beste furieuse et qui a gasté tout un pays," dit une relation contemporaine. Ils furent bientôt plus de six mille arquebusiers et douze cents cavaliers. Il était également impossible à Montgommery, qui n'avait que cent cinquante hommes, de fuir avec eux et de vaincre. De sa personne seule il pouvait échapper: d'Aubigné, qui se trouvait dans le parti ennemi, lui en offrait les moyens; il refusa et résolut de se défendre et de mourir. Quelques uns de ses compagnons le trahirent et l'abandonnèrent. D'autres tentèrent, à plusieurs reprises des sorties où ils firent preuve d'une audace et d'un courage admirables; mais ils leur fallut céder au nombre et rentrer.
Du 9 au 23, il n'y eut guère que des escarmouches: à cette dernière date, les catholiques employèrent tout leur canon; plus de sis cents coups furent tirés; une tour s'écroula, et les assaillants se précipitèrent dans la ville.
"Le 24, il y eut une brèche dans la courtine du château. En vain Montgommery fait une sortie avec tout son monde et tente d'enclouer le canon; il est ramené avec perte sur le glacis. Sommé de nouveau de se rendre, avec promesse de la vie sauve s'ils voulaient livrer leur général, les assiégés répondent en jurant de mourir avec lui. Cette injurieuse proposition a redoublé leur ardeur. D'une heure à deux, les arquebusiers recommencent un feu nourri et meurtrier. Le rideau de fumée se déchire enfin, et l'on aperçoit au pied du mur les colonnes d'assaut qui s'avancent. Ce sont d'abord cent gentilshommes cuirassés, pris dans chaque compagnie de gendarmerie; puis six cents arquebusiers de Sainte-Colombe et de Lucé, avec morion en tête, et dix piquiers corselés, qui, réunis aux volontaires, forment un effectif de quatre mille hommes.
Fervaques, Villarmois, Sainte-Colombe, Riberprey et Lavardin sont à leur tête. Devant eux, debout sur la brèche, Montgommery en pourpoint!, une hache d'armes à la main, ordonne au ministre La Butte de Clinchamp de faire la prière. Barbes grises et fringants cavaliers s'inclinent un moment, puis se relèvent sous le feu de l'ennemi. Il ne restait plus guère qu'une cinquantaine à défendre ces ruines. Montgommery y prend la droite de la brèche; les boulets, les balles et les grenades pleuvent autour de lui. Les combattants des deux partis ne se reconnaissent plus qu'à la voix; au milieu de la flamme et la fumée, la mêlée devient affreuse. Les cadavres s'entassent autour des murailles; cent soixante hommes du parti catholique sont mis hors de combat; mais les assiégés ont douze morts et douze blessés. encore un petit triomphe et la défaite est certaine."
Pendant la nuit suivante, Montgommery coucha sur la brèche. Le matin, en regardant autour de lui, il se trouva encore abandonné: huit des siens, parmi lesquels un gentilhomme, s'étaient encore dérobés par les casemates, et il restait, lui quinzième, au milieu des ruines. Il visita les poudres, et il n'en restait plus pour un assaut; les magasins et les citernes, il ne restait ni eau ni vivres pour la journée. La défense devenait impossible. Le drapeau blanc fut arboré en haut du donjon, et le tambour battit la chamade pour demander un armistice. Après plusieurs pourparlers sans résultat sur les conditions de la capitulation, le 27 au soir, il fut convenu que Montgommery se rendrait à la miséricorde du roi, sans autres armes que la dague et l'épée; et que ses compagnons auraient la vie sauve. Matignon et Vassé s'engagèrent à écrire à la reine en faveur de Montgommery, et à aller au besoin la supplier en cour. De Thou prétend même qu'ils lui promirent qu'il aurait la vie sauve comme ses compagnons.
Vers minuit, ils allèrent chercher le comte; il était vêtu d'une garguesque et d'un collet de buffle passementés de fils d'argent. Le lendemain matin, à sept heures, Matignon retourna au château pour délivrer la petite garnison; mais une foule de soldats catholiques se précipitèrent à sa suite et massacrèrent les prisonniers; quelque-uns cependant, après avoir été dépouillés de tout ce qu'ils avaient d'armes et d'argent, s'en allèrent avec des bâtons blancs. Un billot et une potence furent dressés; on y suspendit le ministre La Butte, le jeune Latouche et Le Hérissé, chef de partisans. Quant à Montgommery, conduit à Saint-Lô, puis à Paris, il fut jugé par le parlement, et le 26 juin il eut la tête tranchée sur la place de Grève. La reine assista à l'exécution. L'Estoile rapporte une belle parole de Montgommery en ses derniers instants. L'arrêt déclarait ses enfants roturiers: "J'y souscris, dit-il, s'ils n'ont la vertu des nobles pour s'en relever."
En avril 1580, Jean de la Ferrière, baron de Vernie, s'empara du château de Domfront pour la ligue; mais, en décembre, les habitants, secondés par un envoyé de Henri IV, le chassèrent.
En 1598, le château et les autres fortifications de la ville furent rasés par ordre de Henri IV. La royauté continuait à démanteler la féodalité.
Aujourd'hui, les restes du château ne sont plus qu'un objet de curiosité et de respect pour l'artiste, l'historien ou le voyageur instruit. La ville, d'un aspect agréable, compte moins de deux mille habitants. On y fait le commerce des toiles, des coutils et des bestiaux. Les étrangers y sont accueillis avec honnêteté et bienveillance, malgré le proverbe singulier dont on a vainement cherché la véritable explication:"Domfront, ville de malheur! arrivé à midi, pendu à une heure; pas seulement le temps de dîner!"
(1) Le Château de Domfront, poëme par Chênedollé, 1829.
(2) Le Département de l'Orne archéologique et pittoresque.
(2) Le Département de l'Orne archéologique et pittoresque.
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