L'ail.
Raspail a surnommé cette plante le "camphre du pauvre". On sait qu'il en a fait l'une des bases de sa médecine antiseptique.
L'ail est, en effet, un désinfectant du premier ordre bien qu'il infecte, en revanche, à sa manière. Des gousses d'ail bouillies dans du lait passent pour être un puissant vermifuge. Pour assurer un appartement contre l'éclosion des punaises, il suffit de coller ses papiers de tentures avec de la colle de pâte à laquelle on aura mélangé de l'ail pilé ou, plus simplement, faite avec de l'eau où de nombreuses gousses d'ail auront bouilli.
On n'aurait point de mites si l'on voulait enfermer vêtements et fourrures avec de l'ail, mais peut-être le remède serait-il pire que le mal, car l'odeur alliacée est en horreur à bien des gens.
Cette réprobation pour une plante aussi utile ne date pas d'hier. Dans l'ancienne Rome, il était défendu à ceux qui avaient mangé de l'ail d'entrer dans le temple de Cybèle. Horace prétendait qu'il pouvait remplacer avantageusement la ciguë car il tuait par répugnance et persuasion. Au XIVe siècle, Alphonse de Castille fonda un ordre de chevalerie dont les statuts défendaient l'usage de l'ail à ceux qui en faisait partie. en revanche, Richelieu l'avait en grand honneur.
"Un gigot tout à l'ail, un seigneur tout à l'ambre", disait-on de lui à la cour. "Bien défendre son cœur, et bien boucher son nez", ajoutaient les jolies caillettes du temps.
L'ail est en grand honneur chez les Méridionaux lesquels imitent, en cela, les Athéniens. Ces classiques qui revendiquèrent le monopole de l'élégance raffinée étaient empestés d'ail. L'ail et la figue allaient toujours de compagnie dans les agapes populaires, le premier réparant les méfaits fiévreux de le seconde.
Michel Saint-Yves.
Les Veillées des Chaumières, 27 août 1902.
"Un gigot tout à l'ail, un seigneur tout à l'ambre", disait-on de lui à la cour. "Bien défendre son cœur, et bien boucher son nez", ajoutaient les jolies caillettes du temps.
L'ail est en grand honneur chez les Méridionaux lesquels imitent, en cela, les Athéniens. Ces classiques qui revendiquèrent le monopole de l'élégance raffinée étaient empestés d'ail. L'ail et la figue allaient toujours de compagnie dans les agapes populaires, le premier réparant les méfaits fiévreux de le seconde.
Michel Saint-Yves.
Les Veillées des Chaumières, 27 août 1902.
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