Une timidité inattendue.
Je suis toujours frappée de la timidité, de l'indécision qui saisissent nos plus hardis jeunes gens lorsqu'il s'agit de faire une demande en mariage.
Ils sortent, ils vont au bal, ils s'amusent de bon cœur dans des réunions diverses, ils organisent des fêtes, ils mettent en train des parties de pique-niques: leur ingéniosité ne s'arrête devant aucun obstacle. Mais dès qu'ils ont rencontré une jeune fille qui leur plaît, dont ils rêvent de faire la compagne de leur vie, ils deviennent gauches et irrésolus, ils cherchent la méthode à employer et souvent ne la trouvent pas.
Cependant la marche à suivre est simple, il suffit d'y réfléchir attentivement pour en trouver les grandes lignes; elle sont toujours les mêmes, car elles procèdent des mêmes considérations. Lorsqu'un jeune homme a remarqué une jeune fille et désire l'épouser, il doit en prévenir les parents de cette jeune fille: c'est là une règle invariable et s'en départir serait laisser à entendre qu'on n'a pas l'intention ferme de la demander en mariage.
Suivant le rang social qu'on occupe, suivant l'intimité des relations, le milieu, la façon dont on informe la famille varie.
Le plus sage, le plus pratique et aussi le plus prudent à tous égards, c'est de prendre un intermédiaire; par son canal, la proposition faite sera moins définitive et le refus (sil y en a un) sera moins pénible à supporter.
Souvent le jeune homme qui a remarqué Mlle G. sait bien dire qu'il la trouve séduisante et gracieuse, mais il n'ose affirmer encore qu'il la demandera en mariage; il désire faire plus ample connaissance.
Au lieu donc de charger l'ami commun de demander à M. G. la main de sa fille pour M. B. , on le priera de conduire les négociations d'une façon un peu différente; il demandera à M. et Mme G. de bien vouloir autoriser M. B. à se présenter chez eux; bien entendu il laissera entrevoir clairement dans quel but M. B. demande l'accès de la maison G. , mais il ne formulera pas la demande en mariage de façon définitive et pressante
Il est important que l'intermédiaire soit un ami commun, car il est en quelque sorte garant du candidat auprès de la famille dans laquelle il l'introduit; il faut aussi que M. B. lui fournisse tout de suite les renseignements nécessaires sur ses parents, sa situation, son avenir, sa fortune, afin que ces premières indications permettent immédiatement à M. et Mme G. de se faire une opinion sur la convenance ou la non-convenance de l'union projetée.
Lorsque M. B. est autorisé à fréquenter la maison de M. G. , sans être officiellement fiancé, il doit se comporter avec une correction absolue; trop souvent, un prétendant est tenté de croire qu'il a, par ses intentions mêmes, le droit de parler haut, de juger, de donner son avis, et surtout le droit d'accaparer la jeune fille à laquelle il songe, de l'entretenir à part, de lui procurer des distractions ou des plaisirs qu'il ne donne pas aux autres membres de la famille; c'est une faute; il doit être prévenant avec tous, aimable, enjoué avec chacun, et sa préférence (légitime et obligatoire) ne doit se manifester que d'une façon discrète et très respectueuse.
Quand la demande officielle est faite, quand le fiancé est agréé et que les fiançailles sont annoncées, l'attitude du jeune homme peut et doit changer; sans se départir de son respect et de sa réserve, il peut émettre son avis sur tout ce qui touche à l'installation du futur ménage, à leurs relations; il peut aussi donner son goût pour les achats, dire à sa fiancée de qu'il désire, ce qu'il aime, l'entretenir de ses projets, la consulter sur sa ligne de conduite; il peut manifester de façon plus effective sa préférence, lui confier certains projets dont il ne parle pas à sa famille. A ce moment aussi, il lui fait des cadeaux, il lui écrit directement, etc.
Mais en mettant une graduation raisonnée dans l'intimité, le jeunes homme réunit les conditions les plus favorables au bonheur de son futur ménage.
Mme Elise.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 8 janvier 1905.
Cependant la marche à suivre est simple, il suffit d'y réfléchir attentivement pour en trouver les grandes lignes; elle sont toujours les mêmes, car elles procèdent des mêmes considérations. Lorsqu'un jeune homme a remarqué une jeune fille et désire l'épouser, il doit en prévenir les parents de cette jeune fille: c'est là une règle invariable et s'en départir serait laisser à entendre qu'on n'a pas l'intention ferme de la demander en mariage.
Suivant le rang social qu'on occupe, suivant l'intimité des relations, le milieu, la façon dont on informe la famille varie.
Le plus sage, le plus pratique et aussi le plus prudent à tous égards, c'est de prendre un intermédiaire; par son canal, la proposition faite sera moins définitive et le refus (sil y en a un) sera moins pénible à supporter.
Souvent le jeune homme qui a remarqué Mlle G. sait bien dire qu'il la trouve séduisante et gracieuse, mais il n'ose affirmer encore qu'il la demandera en mariage; il désire faire plus ample connaissance.
Au lieu donc de charger l'ami commun de demander à M. G. la main de sa fille pour M. B. , on le priera de conduire les négociations d'une façon un peu différente; il demandera à M. et Mme G. de bien vouloir autoriser M. B. à se présenter chez eux; bien entendu il laissera entrevoir clairement dans quel but M. B. demande l'accès de la maison G. , mais il ne formulera pas la demande en mariage de façon définitive et pressante
Il est important que l'intermédiaire soit un ami commun, car il est en quelque sorte garant du candidat auprès de la famille dans laquelle il l'introduit; il faut aussi que M. B. lui fournisse tout de suite les renseignements nécessaires sur ses parents, sa situation, son avenir, sa fortune, afin que ces premières indications permettent immédiatement à M. et Mme G. de se faire une opinion sur la convenance ou la non-convenance de l'union projetée.
Lorsque M. B. est autorisé à fréquenter la maison de M. G. , sans être officiellement fiancé, il doit se comporter avec une correction absolue; trop souvent, un prétendant est tenté de croire qu'il a, par ses intentions mêmes, le droit de parler haut, de juger, de donner son avis, et surtout le droit d'accaparer la jeune fille à laquelle il songe, de l'entretenir à part, de lui procurer des distractions ou des plaisirs qu'il ne donne pas aux autres membres de la famille; c'est une faute; il doit être prévenant avec tous, aimable, enjoué avec chacun, et sa préférence (légitime et obligatoire) ne doit se manifester que d'une façon discrète et très respectueuse.
Quand la demande officielle est faite, quand le fiancé est agréé et que les fiançailles sont annoncées, l'attitude du jeune homme peut et doit changer; sans se départir de son respect et de sa réserve, il peut émettre son avis sur tout ce qui touche à l'installation du futur ménage, à leurs relations; il peut aussi donner son goût pour les achats, dire à sa fiancée de qu'il désire, ce qu'il aime, l'entretenir de ses projets, la consulter sur sa ligne de conduite; il peut manifester de façon plus effective sa préférence, lui confier certains projets dont il ne parle pas à sa famille. A ce moment aussi, il lui fait des cadeaux, il lui écrit directement, etc.
Mais en mettant une graduation raisonnée dans l'intimité, le jeunes homme réunit les conditions les plus favorables au bonheur de son futur ménage.
Mme Elise.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 8 janvier 1905.
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