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lundi 6 avril 2015

France-Gien.

France-Gien.


Le nom de Genabum, dont se sert César dans ses Commentaires, doit-il être appliqué à Orléans ou à Gien, deux villes du département du Loiret qui se disputent depuis des siècles ce nom de Genabum?
C'était là un vaste champ pour les érudits, pour les savants de toutes les académies; eh bien, la question n'est pas encore résolue, quelles que soient les nombreuses dissertations insérées dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, quels que soient aussi les beaux raisonnements de l'abbé Lebeuf. Ce qu'il y a de certain, c'est que la ville de Gien avait autrefois le titre de comté; la première charte où il en est fait mention est un acte de Pépin le Bref, en 760. Vers la fin du VIIIe siècle, Charlemagne y fit bâtir un château qui devint la propriété d'Etienne de Vermandois; ce beau château existe encore de nos jours; il appartient à la cité et il est devenu le siège de tous les établissements publics de l'arrondissement, de la mairie, du tribunal de premier instance et de la sous-préfecture dont Gien est le chef-lieu.
C'est dans ce château que furent célébrées, en 1410, les noces de la fille de Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne, avec le comte de Guise; dix ans plus tard, on y signait le traité, connu sous le nom de Ligue de Gien, contre le duc de Bourgogne qui avait fait assassiner le duc d'Orléans. Charles VII, François 1er, Louis XIV ont tour à tour habité le château de Gien.



Quant à la ville, il y a peu de chose à en dire; elle s'élève sur la rive droite de la Loire, et le seul monument un peu remarquable après son château, c'est le pont sur lequel on passe pour se rendre dans ses murs; en 1494, l'enceinte de la ville de Gien fut réparée et agrandie par Anne de France, régente du royaume.
Anne de France, fille aînée de Louis XI, avait été choisie par son père pour gouverner la monarchie pendant la jeunesse de Charles VIII. Cette préférence de Louis XI pour sa fille, au préjudice des princes de sang, se justifia par la suite par l'habileté avec laquelle Anne de France dissipa les factions.
Le duc d'Orléans, placé par sa naissance le plus près du trône après Charles VIII, ayant pris les armes pour réclamer dans les affaires la part qu'il croyait due à son rang, fut vaincu et fait prisonnier. La régente le retint captif pendant plus de deux ans dans la grosse tour de Bourges et à Gien; elle refusa constamment sa liberté aux sollicitations des grands de l'Etat; ce fut Charles VIII qui alla lui même le tirer de prison, et qui n'eut jamais à se repentir de cet acte de confiance et de générosité. Depuis cette époque, Anne perdit le crédit qu'elle avait à la cour; elle se retira à Gien et y vécut sans éprouver aucune violence.
Lorsque le duc d'Orléans parvint au trône sous le nom de Louis XII, il se plut à accabler de bienfaits celle qui l'avait persécuté, oubliant les mauvais traitements qu'il en avait reçus, pour ne se souvenir que des services qu'elle avait rendus à la monarchie.

Magasin pittoresque, septembre 1837.

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