L'homme le plus riche du monde.
Quand nous disons d'un de nos compatriotes: "Un tel est un gros propriétaire; il possède huit maisons dans Paris", le colonel John Jacob Astor, de New York doit sourire.
Ce colonel possède dans les Etats-Unis une fortune immobilière de cinq milliards représentée par 39 hôtels et 50 pâtés de maisons dans le centre même de New-York, ce qui constitue le joli chiffre de 50.000 locataires.
Comme habitations personnelles, le colonel Astor possède un palais d'été, un d'automne, un d'hiver et un de printemps; il a de plus de nombreuses fermes installées princièrement et des pavillons de chasse un peu partout.
Toute une rivière de la Floride, depuis la source jusqu'à l'embouchure, lui appartient. Elle arrose une étendue de 100.000 ares.
Ces diverses propriétés rapportent à leur propriétaire un peu plus de 24 millions par an. Comme bien on pense, ce n'est pas le colonel Astor qui s'occupe de toucher ses loyers; il confie ce soin à son administration, un central's office de New-York. Là, tout est divisé en départements, en sections, en directions. Il y a le département de la plomberie, celui de la charpente, celui de la mécanique, celui de l'électricité, etc., etc.
Les directeurs de chaque département sont désignés sous le titre de "docteur", ce qui entraîne à dénommer "patients" les immeubles ayant besoin de réparations. Chaque docteur a d'ailleurs, ses clients particuliers qui ont le droit de le déranger à toute heure du jour et de la nuit.
Comment Astor perçoit ses loyers.
Les propriétés du colonel Astor ne sont pas assurées contre l'incendie, l'ingénieux milliardaire estimant qu'il est plus économique de laisser brûler deux maisons par an que de payer des primes d'assurances pour l'ensemble de ses propriétés.
Quant à la façon dont le colonel Astor réglemente ses locataires, c'est simple et laconique; après trente jours de non-paiement, il les flanque impitoyablement à la porte, et on ne peut citer qu'un seul cas où l'intransigeant propriétaire laissa s'attendrir son cœur: une pauvre veuve ayant, durant trois années, payé régulièrement le loyer de sa modeste chambre se vit un jour, à cause de son mauvais état de santé, dans l'impossibilité de régler son propriétaire. Le colonel Astor, sollicité en faveur de la pauvre vieille et consentant à se laisser attendrir sans pour autant déroger à ses habitudes, prit le parti suivant: il alla lui-même à son "central's office", versa le loyer de la veuve, en échange de quoi il eut la quittance et la lui fit parvenir!
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 15 janvier 1905
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