L'empereur chinois Mien-Ning.
Il est interdit aux chinois, sous des peines sévères, de posséder des portraits de leurs empereurs. Cette défense donne lieu, dans les ateliers des peintres de Macao et de Canton, à un petit commerce frauduleux et secret qui produit d'assez beaux bénéfices. On y propose aux étrangers, comme étant un portrait de l'empereur, un personnage de fantaisie revêtu du costume impérial, et, grâce à cette supercherie, on vend de 12 à 30 francs une aquarelle sur moelle d' æschinomène qui vaut 3 à 6 francs.
Le dessin que nous reproduisons n'est point un de ces portraits de contrebande: c'est bien l'image fidèle de Mien-Ning, le prédécesseur de l'empereur régnant.
Le portrait original, de 21 centimètres de diamètre, appartient à Pann-se-Chinn, l'un des commissaires impériaux adjoints à Ki-Ing pendant les négociations avec M. de Lagrenée. Ce portrait fut fait à Pékin, au palais, durant une cérémonie religieuse, par un des amis de Pann-se-Chinn, haut dignitaire de la cour. Pann s'était lié d'amitié avec MM. J.-M. Callery, interprète de l'ambassade, le docteur Yvan et Natalis Rondot; il leur confia ce précieux portrait, qui était, selon son expression, ressemblant aux 8/10, et que M. Rondot a fidèlement reproduit.
Mien-Ning avait donné aux années de son règne le nom de taou-kowang (raison brillante ou lumière de raison) ; il était le 241e empereur de Chine, et le 6e empereur de race mandchoue et de la dynastie Ta-Tsing.
Il était né en 1780, d'un des fils de l'empereur Kaou-Tsoung (Kien-Loung), qui devint empereur en 1796, et régna sous le nom de Kia-King, jusqu'en 1820. Mien-Ning se distingua, avant son avènement au trône, en 1813, par un acte de courage.
Lin-Tsing, premier eunuque du palais, était devenu le favori de Kia-King, et avait acquis sur l'esprit de son maître un tel ascendant qu'il avait pris en main le gouvernement de l'empire. L'exercice du pouvoir exalta son ambition, et lui inspira le désir de s'emparer de la couronne en mettant à mort l'empereur et ses fils. Pendant que Kia-King et les princes étaient à la chasse, Lin-Tsing fit occuper les environs du palais par des troupes dévouées, et donna le signal de l'insurrection dès que l'empereur fut rentré. Mais à l'insu du rebelle, Mien-Ning était resté en arrière; il comprit le but de ce déploiement de forces qui allaient envahir le palais, aperçut à leur tête l'ambitieux eunuque, et, arrachant les boutons globuleux en cuivre de son habit, en chargea son fusil en guise de balles, ajusta Lin-Tsing et l'étendit mort. Aussitôt que les révoltés virent tomber leur chef, ils prirent la fuite.
Kia-King mourut en 1820; son fils aîné l'avait devancé dans la tombe, et Mien-Ning fut proclamé empereur le 20 août 1820. Il est mort à Pékin le 25 février 1850, le 14e jour de la 1re lune de la 30e année de son règne.
Ce règne marquera dans les annales chinoises. Douze ans après la révolte de Tchankor dans les provinces d'Ili, comprimée à la suite de combats acharnés, survinrent de graves événements. Pour la première fois, la Chine eut à soutenir une guerre contre une puissance européenne; vaincue, elle dut consentir à des traités onéreux. Cette guerre eut pour cause l'obstination des Anglais à introduire l'opium en Chine, et la résistance des autorités chinoises qui s'opposèrent, par des ressources énergiques, à l'importation et à la consommation de ce poison, et à l'exportation de l'argent donné en échange.
Les hostilités s'ouvrirent le 3 novembre 1839 par le combat naval de Chouen-pi. Le 5 juillet 1840, Ting-Haï était pris, l'île Tchou-san envahie; le 20 janvier 1841, l'île et le port de Hong-kong étaient cédés à l'Angleterre. La guerre éclata de nouveau le 23 février 1841, et elle fut cette fois vigoureusement conduite. En voici les faits les plus remarquables:
Le dessin que nous reproduisons n'est point un de ces portraits de contrebande: c'est bien l'image fidèle de Mien-Ning, le prédécesseur de l'empereur régnant.
Le portrait original, de 21 centimètres de diamètre, appartient à Pann-se-Chinn, l'un des commissaires impériaux adjoints à Ki-Ing pendant les négociations avec M. de Lagrenée. Ce portrait fut fait à Pékin, au palais, durant une cérémonie religieuse, par un des amis de Pann-se-Chinn, haut dignitaire de la cour. Pann s'était lié d'amitié avec MM. J.-M. Callery, interprète de l'ambassade, le docteur Yvan et Natalis Rondot; il leur confia ce précieux portrait, qui était, selon son expression, ressemblant aux 8/10, et que M. Rondot a fidèlement reproduit.
Mien-Ning avait donné aux années de son règne le nom de taou-kowang (raison brillante ou lumière de raison) ; il était le 241e empereur de Chine, et le 6e empereur de race mandchoue et de la dynastie Ta-Tsing.
Il était né en 1780, d'un des fils de l'empereur Kaou-Tsoung (Kien-Loung), qui devint empereur en 1796, et régna sous le nom de Kia-King, jusqu'en 1820. Mien-Ning se distingua, avant son avènement au trône, en 1813, par un acte de courage.
Lin-Tsing, premier eunuque du palais, était devenu le favori de Kia-King, et avait acquis sur l'esprit de son maître un tel ascendant qu'il avait pris en main le gouvernement de l'empire. L'exercice du pouvoir exalta son ambition, et lui inspira le désir de s'emparer de la couronne en mettant à mort l'empereur et ses fils. Pendant que Kia-King et les princes étaient à la chasse, Lin-Tsing fit occuper les environs du palais par des troupes dévouées, et donna le signal de l'insurrection dès que l'empereur fut rentré. Mais à l'insu du rebelle, Mien-Ning était resté en arrière; il comprit le but de ce déploiement de forces qui allaient envahir le palais, aperçut à leur tête l'ambitieux eunuque, et, arrachant les boutons globuleux en cuivre de son habit, en chargea son fusil en guise de balles, ajusta Lin-Tsing et l'étendit mort. Aussitôt que les révoltés virent tomber leur chef, ils prirent la fuite.
Kia-King mourut en 1820; son fils aîné l'avait devancé dans la tombe, et Mien-Ning fut proclamé empereur le 20 août 1820. Il est mort à Pékin le 25 février 1850, le 14e jour de la 1re lune de la 30e année de son règne.
Ce règne marquera dans les annales chinoises. Douze ans après la révolte de Tchankor dans les provinces d'Ili, comprimée à la suite de combats acharnés, survinrent de graves événements. Pour la première fois, la Chine eut à soutenir une guerre contre une puissance européenne; vaincue, elle dut consentir à des traités onéreux. Cette guerre eut pour cause l'obstination des Anglais à introduire l'opium en Chine, et la résistance des autorités chinoises qui s'opposèrent, par des ressources énergiques, à l'importation et à la consommation de ce poison, et à l'exportation de l'argent donné en échange.
Les hostilités s'ouvrirent le 3 novembre 1839 par le combat naval de Chouen-pi. Le 5 juillet 1840, Ting-Haï était pris, l'île Tchou-san envahie; le 20 janvier 1841, l'île et le port de Hong-kong étaient cédés à l'Angleterre. La guerre éclata de nouveau le 23 février 1841, et elle fut cette fois vigoureusement conduite. En voici les faits les plus remarquables:
1841.
26 février. Prise des forts du Bogue.- 25-31 mars. Combats de Canton. La ville paye une rançon de 35 millions.- 27 août. Prise d'E-mouï.- 4 septembre. Combat de Cheï-pou.- 4 octobre. Prise de Ting-haï; occupation de l'île Tchou-san.- 10 octobre. Prise de Chen-haï. -13 octobre. Occupation de Ning-po.
1842.
10 mars. Combat de Ning-po.- 15 mars. Prise de Tse-ki.- 18 avril. Prise de Tcha-pou. -13 juin. Entrée dans le fleuve Yang-tse-kiang.- 16 juin. Prise de Wou-soung. - 19 juin. Prise ce Chang-haï.- 12 juillet. Entrée à Kiang-yin. -15 juillet. Entrée à Couin-chan.- 21 juillet. Combat et prise de Chin-kiang. 4 août. Arrivée devant Nan-king. -20 et 26 août. Conférence entre les plénipotentiaires anglais et chinois. - 29 août. Traité de Nan-king.
1843.
8 octobre. Traité de Hou-moun-chaï.
Les Chinois durent payer 125 millions de francs pour indemnités et frais de guerre, céder à l'Angleterre l'île de Hong-kong, ouvrir au commerce étranger les ports de Canton, Chang-haï, Ning-po, Fou-tchou et E-mouï, et consentir à un nouveau tarif de douanes
Il paraît que l'empereur n'a jamais connu dans toute leur étendue les progrès menaçants de l'invasion des Anglais, les défaites de ses armées et les sacrifices auxquels il fallut se résigner. Mien-ning eut dix enfants, sept fils et trois filles. Les trois aînés sont morts: le quatrième, I-tchou, l'aîné des fils survivant, est l'empereur régnant.
Magasin pittoresque, janvier 1853.
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