Chronique.
Bientôt l'industrie n'aura plus de bornes, et au lieu des sept merveilles du monde, on en verra par centaines.
M. Lesseps propose de faire traverser les plus vastes déserts par des navires à vapeur, construits de manière à fendre les sables au lieu des eaux.
En même temps, M. Gamond, homme de talent, demande l'autorisation de construire un chemin de fer de Paris à Londres, passant sous le bras de mer. Au centre de ce vaste tunnel se trouveraient une station et un dock pour la marine.
Les plans de ces immenses travaux sont déjà faits et soumis à l'autorité.
*****
Une découverte scientifique d'un autre genre vient de causer un grand émoi.
Il y avait depuis dix mois, au dépôt de chemin de fer de Choisy-le-Roi, un tonneau venant de Paris et portant cette suscription: Bureau restant, sans aucune adresse.
Personne n'ayant réclamé cet objet, les employés reçurent l'ordre d'en vérifier le contenu. Le tonneau ouvert laissa voir un cadavre desséché.
Ce corps est celui d'une jeune femme, les organes intérieurs, qui eussent pu amener la décomposition ont été retirés; la peau parcheminée résonne sous les doigts. Les mains ont été enfoncées dans des ouvertures pratiquées dans les flancs, comme si on les tenait dans la poche. Avis aux savants.
*****
Sur le joli territoire de Bagneux, célèbre par ses guinguettes et leurs plaisirs champêtres, il vient d'arriver un malheureux et touchant événement.
Les frères Poulot, habitants de cette commune, étaient allés chasser dans le lieu dit la Voie de la Fontaine. L'un d'eux, âgé de 30 ans, tira un coup de fusil sur un corbeau, qu'il manqua. Il monta aussitôt sur un talus et rechargea le canon de droite, qui venait de faire feu, en laissant armé et amorcé le canon de gauche, qui était encore chargé. A peine cela était-il fait, qu'il saisit son fusil à l'extrémité du canon. Alors, sans qu'on sût comment, le coup partit, et il reçut la décharge en pleine poitrine.
Il tomba aussitôt, en criant à son frère resté au bas du talus:
- Viens vite m'embrasser, car je vais mourir!
En effet quelques secondes plus tard, il avait cessé de vivre.
*****
On a souvent à Paris d'étranges domestiques.
Le sieur M... , boulanger au faubourg Saint-Germain, avait à son service une veuve d'un certain âge. Un jour de fête, cette brave femme demanda à ses maîtres la permission d'aller prier sur la tombe du sieur D... , son défunt époux. La chose lui fut facilement accordée. Le soir, elle rentra complètement ivre. comme les prières et les larmes ne produisent pas cet effet-là, ses maîtres lui adressèrent une verte réprimande en lui donnant son congé.
Elle avait seulement les huit jours de rigueur pour chercher une place.
Le dernier de ces jours était arrivé et la domestique avait fait son paquet.
La dame M... étant dans une chambre qui donnait près du réservoir que les boulangers ont ordinairement chez eux pour la fabrication du pain, crut entendre que l'on touchait au couvercle de ce récipient.
Elle alla de ce côté, et vit la femme D... qui se retirait confuse. A toutes les questions qui lui furent adressées sur ce qu'elle faisait là, elle ne voulut rien répondre.
La boulangère, inquiète, fit venir les garçons et leur ordonna d'examiner l'eau qui se trouvait là pour la préparation du pain.
Alors ils découvrirent, au fond du réservoir, un vieux pot de la capacité d'un kilogramme, rempli d'une pâte phosphorée qui forme un subtil poison et dont on se sert pour la destruction des rats.
Cette bonne femme, parce que ses maîtres l'avaient renvoyée, voulait empoisonner tout le quartier.
Inutile de dire qu'elle a été aussitôt arrêtée.
A propos d'idées infernales, dans une de nos provinces retirées, on vient d'arrêter deux moines au moment où ils évoquaient le diable pour lui demander les moyens de découvrir des trésors. La chose ayant été trouvée peu orthodoxe, l'autorité ecclésiastique a fait mettre les deux moines en prison.
Paul de Couder.
Journal du Dimanche, 3 janvier 1858.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire