De la misère en France.
Sur une population de trente-deux millions d'hommes en France, il y a cinq millions de pauvres, de pauvres dans toute l'étendue du mot, c'est à dire, mendiants ou prêts à mendier. Cent trente mille individus désolent le royaume par des déprédations de toute espèce; quinze ou vingt mille sont arrêtés et punis. La sûreté des routes, des villes, des bagnes et des prisons, coûte plus de quatre millions à l'Etat par an. La somme volée, ou des dommages occasionnés chaque année, peut être évaluée à deux millions au moins; il existe plus de cent cinquante mille personnes qui gémissent dans les prisons civiles et militaires ou maisons de force, ou qui végètent alternativement dans les hôpitaux, hospices, etc.
Il existe plus de soixante mille journaliers, fils de mendiants, ou bâtards rejetés par des parents pauvres, qui sont sans autre asile que les cabarets, les forêts et les cavernes de contrebandiers. La plupart, manquant de tout, sont obligés d'avoir une marche sourde et des domiciles secrets.
Enfin, il y a en France plus de trois millions d'individus dont la subsistance, n'est pas assurée pour un mois. Il faut encore ajouter à ce tableau effrayant les onze à douze mille forçats libérés des galères et les sept à huit mille prisonniers libérés de la réclusion.
Si l'on considère en masse les dépenses du gouvernement, les revenus des hôpitaux, des hôtels-Dieu, des hospices, les secours à domicile et les actes particuliers de bienfaisance, on peut évaluer à plus de cinquante millions de francs par an, ce qu'il en coûte pour prolonger l'existence de ceux qui survivent à la servitude des arts, à l'incontinence, au régime des hôpitaux et au châtiment de la loi.
La Forest, ancien directeur
du Dépot de Mendicité,
à Aix, Bouches-du-Rhone.
La Forest, ancien directeur
du Dépot de Mendicité,
à Aix, Bouches-du-Rhone.
Journal des Connaissances Utiles, avril 1834.
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