Industrie et guerre.
Dans une lecture faite à Chelsea, en Angleterre, il y a quelques années, le conférencier a donné une statistique des accidents de houillères, et il est arrivé à ce résultat, que la mort d'un mineur correspondait à chaque quantité de soixante mille tonnes de charbon extraite des entrailles de la terre et ramenée à la surface.
Ainsi l'industrie a ses victimes certaines comme la guerre. Mais chez elle du moins chaque travailleur sacrifié représente des produits qui alimentent les marchés, fécondent le travail et profitent à l'humanité. Les soldats dévorés par la guerre ne représentent que du travail détruit, des récoltes dévastées, des édifices brûlés ou ruinés, des douleurs pour les familles. Les progrès accomplis dans l'art de la guerre consistent à savoir augmenter le nombre des existences humaines ou la quantité de maçonnerie que l'on peut détruire dans un délai déterminé. Le contraire a lieu dans les différentes branches de l'industrie, où les progrès réduisent généralement en nombre et en étendue les dangers auxquels les ouvriers sont soumis;
Il serait bien de faire le relevé des pertes de travailleurs qui affrontent obscurément les chances mortelles de beaucoup d'industries: il semble qu'on honorerait les carrières industrielles en les montrant sujettes, comme celles des armes, à des dangers certains et à des dévouements qui sont souvent dignes d'admiration.
Magasin Pittoresque, 1879.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire