Baisers électoraux.
On parle à chaque instant, à propos d'élections, de manœuvres et de pressions exercées sur le populaire.
Qu'est que tout cela comparé à se qui se passait il y a tantôt un siècle en Angleterre, lors de la candidature de Fox, chef du parti whig et adversaire de Pitt, secondé par la belle duchesse de Devonshire?
Fox dut à cette charmeuse sa réélection à Westminster. Elle excellait dans l'art de "bribery", et le baiser donné au boucher Steel pour prix de son vote est devenu légendaire.
Une livre sterling était alors le prix des consciences. La duchesse plaçait la pièce d'or entre ses blanches dents ducales, et permettait aux plus vilaines et plus roturières lèvres de venir l'en décrocher. Passant en carrosse devant l'étal du farouche boucher lory, elle lui cria:
- Eh bien! monsieur Steel, ne voterez-vous pas pour nous?
Et l'autre de répondre:
- Oui, milady, si vous me laissez prendre un baiser sur vos lèvres.
Le personnage était trop riche et trop important pour qu'elle osât y mettre la guinée corruptrice, et gracieusement, elle tendit sa bouche rose au tueur de bœufs enthousiasmé, qui, le baiser reçu, cria: "Vive Fox!" à tue-tête.
Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 16 août 1903.
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