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jeudi 22 mai 2014

Un assassinat comique.

Un assassinat comique.

Un habitant de Vöro, en Finlande, l'a échappé belle tout récemment. Il vivait très mal avec sa femme, qui décida alors de se débarrasser de lui, en ... l'empoisonnant. Dans ce but charitable, elle demanda au pharmacien du village de lui donner de l'arsenic pour tuer les rats, qui infestaient sa maison.
Or, comme il n'y a presque pas de rats à Vöro, le pharmacien se douta de quelque chose et lui vendit du sucre en poudre tout en lui recommandant beaucoup de prudence. Mais il crut devoir raconter l'incident au mari, qui surveilla alors sa femme avec beaucoup de curiosité. 
Il ne tarda pas à remarquer avec quelle sollicitude sa chère épouse s'empressait d'ajouter à ses aliments une poudre blanche qu'elle prétendait être du sucre et qui... l'était en effet.
Désireux de pousser l'expérience jusqu'au bout, il simula l'empoisonnement. Il se jeta par terre en se tordant et il ne bougea plus.
Alors la bonne femme prit une corde, en passa tendrement un bout autour du cou du cher défunt et l'autre, par un trou, au grenier, où elle monta pour tirer de toutes ses forces la corde. Avec un peu d'efforts, elle parvint à pendre le cadavre à une hauteur qu'elle jugeait convenable, vu la longueur de la corde qu'elle tenait entre les mains.
Tout à fait satisfaite de sa besogne, elle ne s'arrêta même pas pour examiner son oeuvre, mais partit immédiatement pour avertir le voisinage du malheur qui venait de la frapper: aussitôt on sut partout que le voisin Seliquist, car c'était le nom du suicidé, s'était pendu. Sa veuve était au désespoir. Tous les voisins la reconduisirent chez elle pour veiller le mort.



Mais grande fut la stupéfaction et la terreur de la fidèle épouse et des villageois, lorsqu'en arrivant à la maison du sinistre, ils trouvèrent le pendu confortablement installé devant la table et se régalant des meilleurs produits de sa cuisine et de sa cave, pour se remettre des émotions éprouvées par le double assassinat qu'il venait de subir.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 16 août 1903.

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