Quelques supercheries
des prêtres du paganisme.
des prêtres du paganisme.
Nous avons déjà mentionné l'emploi que les prêtres de l'antiquité savaient faire de leurs connaissances en physique expérimentale, pour produire certains effets singuliers et frapper d'étonnement les adorateurs des faux dieux.
Les appareils qu'ils employaient, soit à l'entrée, soit dans l'intérieur même des temples, étaient disposés d'une manière si ingénieuse que non-seulement le vulgaire y voyait l'influence directe de la divinité, mais que, parmi les auteurs qui en ont fait mention, il y en a beaucoup qui ont cru y reconnaître quelque chose de surnaturel. Les chrétiens eux-mêmes ne se sont pas toujours défendus de cette singulière idée. Le P. Kircher a réuni un certain nombre de ces procédés et les a fort clairement expliqués. Nous lui empruntons une partie de ce qui va suivre.
Le lait de la bonne déesse.
Certains temples dédiés à la mère des dieux possédaient une statue de la déesse disposée de telle sorte que l'on voyait le lait jaillir de toutes les mamelles dès que l'on allumait des flambeaux fixés à l'autel. Ce phénomène avait paru à plusieurs auteurs si difficile à expliquer, qu'ils l'avaient attribué à l'influence des démons. Mais le P. Kircher, dans son ouvrage célèbre intitulé: Oedipus Egyptiacus, prouve très-clairement, de la manière suivante, qu'il n'est aucun besoin de magie ni de sortilège pour en rendre compte.
La construction ABCKL (fig. 1) se compose d'un dôme hémisphérique creux ABC, supporté par quatre colonnes. Au centre de l'espèce de pavillon ainsi formé, était l'autel MN surmonté de la coupe GH et de la statue aux nombreuses mamelles.
Aux colonnes BK, CL, étaient adaptés des candélabres à bras mobiles S, T. L'hémisphère étant bien hermétiquement fermé par une plaque métallique BC, on remplissait de lait le petit autel MN, qui communiquait, d'une part, avec l'intérieur de la statue par un tube marqué d'un trait pointillé au milieu de l'autel; d'autre part, avec le dôme creux par un autre tube deux fois recourbé NKBX. Au moment du sacrifice, on allumait les deux lampes D, E en tournant les bras S, T, de manière que la chaleur de la flamme allât frapper le plafond CB du dôme. L'air enfermé à l'intérieur de cette boîte hémisphérique, se dilatant sous l'influence de la chaleur, sortait par le tube XBK, pressait le lait renfermé dans l'autel et le faisait remonter par le tube droit jusque dans l'intérieur de la statue, à la hauteur des mamelles. une série de petits conduits, entre lesquels se divisait le tube principal, portaient le liquide jusqu'aux mamelles, par où il jaillissait au-dehors, à la grande admiration des spectateurs. Le sacrifice fini, on éteignait les lampes et le lait cessait de couler.
Portes qui s'ouvraient quand on allumait le feu sur l'autel.
Les anciens avaient aussi construit dans leurs temples des sanctuaires dont les portes s'ouvraient toutes seules au commencement du sacrifice, et se refermaient spontanément à la fin. Héron d'Alexandrie nous a transmit la description des deux procédés qu'ils employaient pour obtenir ce résultat.
Soit d'abord (fig. 2) une base creuse ABCF, sur laquelle sont posés l'autel ED et la porte. Les deux battants de cette porte tournaient autour d'axes dont les prolongements ab, cd faisaient corps avec les battants eux-mêmes; de sorte que si les grands cylindres ab, cd venaient à tourner, ils faisaient mouvoir les battants de la porte. Les extrémités inférieures et supérieures de ces axes portaient sur des tourillons; mais la figure ne fait voir que ceux de l'extrémité inférieure en c et en d. Dans l'intérieur du compartiment creux ABCF, il y avait un vase GK qui communiquait par un tube Gf avec le creux de l'autel ED, et par un siphon KL avec un autre vase NX. L'anse de ce second vase était attachée aux deux cylindres ab, cd par des cordes qui s'enroulaient, l'une de haut en bas, l'autre de bas en haut. Deux autres cordes étaient enroulées en sens contraire à la partie inférieure des cylindres, et étaient tendues par un poids Q qui passait sur une poulie de renvoi V. Le vase GK était préalablement rempli d'eau par l'orifice P que l'on bouchait ensuite bien hermétiquement. Au moment du sacrifice, le feu étant allumé sur l'autel, l'air dilaté par la chaleur à l'intérieur de cet autel ED pressait la surface du liquide renfermé en GK, et forçait l'eau à monter dans le siphon KL, d'où elle tombait dans la marmite NX. Celle-ci, devenue plus pesante descendait, et, tirant les cordes enroulées à la partie supérieure des cylindres ab, cd, faisait ouvrir les portes. Lorsque le feu venait à s'éteindre, l'eau repassait de la marmite NX dans le vase GK par le même siphon, par suite de la raréfaction de l'air, et, les effets contraires se produisant, les portes se fermaient.
Le P. Kircher a proposé, en décrivant cet appareil, d'y ajouter un nouveau siphon vv, au moyen duquel le mouvement de fermeture s'opère sans qu'il soit préalablement nécessaire d'éteindre ou d'enlever le feu.
La marmite NX étant remplie, le siphon vv se trouve amorcé, et la marmite se vide entièrement par ce siphon. Bientôt alors, le contre-poids Q devient plus lourd que la marmite, et, par la traction qu'il exerce sur les cordes enroulées à la partie inférieure des cylindres, il referme les portes. de l'une ou de l'autre manière, le sacrifice se trouve terminé mystérieusement au grand ébahissement des assistants.
Le second procédé, indiqué plutôt que décrit par Héron d'Alexandrie, diffère peu du précédent. Il suffit encore d'enlever le feu de l'autel pour que les portes se referment. La fig. 3 en donne la représentation.
Nous n'avons pas à nous arrêter aux parties communes aux deux figures, parties désignées par les mêmes lettres. Le mécanisme fondamental consiste ici dans la faculté que possède une outre G de forme convenable de se dilater en largeur quand elle gonflée, tandis qu'elle s'allonge et descend plus bas quand elle se vide. Un trait pointillé indique la position de l'outre vide, position dans laquelle le poids H tire sur les axes des portes, de manière à tenir ces portes fermées. Au contraire, dès que la flamme de l'autel a suffisamment dilaté l'air renfermé dans le compartiment creux DE, cet air gonfle l'outre, et le poids H, prenant la position marquée en traits pleins sur la figure, ce poids cesse sur les portes qui sont alors ouvertes par l'influence du contre-poids. Le contraire a lieu dès que l'extinction du feu vient à raréfier de nouveau l'air de l'autel.
La roue à l'eau lustrale.
Clément d'Alexandrie rapporte, au sixième livre de ses Stromates, que, dans les temples égyptiens, on trouvait des roues qu'il suffisait de tourner pour obtenir en abondance de l'eau lustrale dont on avait besoin. C'est encore Héron d'Alexandrie qui, par la trente et unième question de ses Pneumatiques, nous fournit l'explication du mystère. Dans les temples égyptiens, dit-il, il y a sous les portiques des roues d'airain mobiles autour de leur axe, que ceux qui entrent font tourner, parce que l'airain passe pour purifier. Il y a aussi des vases pour recevoir l'eau que les personnes qui vont entrer doivent employer aux aspersions. Voici comment la rotation de la roue fera couler l'eau dans ces vases.
Derrière le portique est caché un vase ABCD rempli d'eau, percé au fond d'un orifice E. A la base inférieure est fixé un tube FHK que traverse l'orifice E prolongé. Un autre tube LM est fixé par le bout L au fond du premier tube, et est muni d'un orifice P percé dans le prolongement du premier orifice E. Enfin un tube intermédiaire NOQ portant une roue S, et percé d'un orifice qui peut prendre une position verticale dans l'axe des deux premiers, se meut à frottement entre les deux premiers. Pour que l'eau coule, il suffira de tourner la roue S, de manière à amener l'orifice intermédiaire dans la même verticale que les deux premiers.
On voit donc qu'il ne s'agissait là que d'une espèce de robinet tout à fait analogue à celle que nous employons encore aujourd'hui pour tirer le vin. Mais ce robinet dont on a fait plus tard un robinet à plusieurs fins, et qui est, à proprement parler, le premier linéament de l'ingénieux tiroir de la machine à vapeur, était un des procédés dont les prêtres égyptiens avaient longtemps gardé le secret pour eux seuls. Il paraît qu'ils croyaient faire par la roue un appel aux intelligences supérieures qu'ils appelaient inges, ministres de la Divinité suprême. C'était Mophta, le génie de la nature aquatique, qui fournissait l'eau sacrée nécessaire au culte, et surtout aux cérémonies lustrales.
Magasin pittoresque, juillet 1849.
La construction ABCKL (fig. 1) se compose d'un dôme hémisphérique creux ABC, supporté par quatre colonnes. Au centre de l'espèce de pavillon ainsi formé, était l'autel MN surmonté de la coupe GH et de la statue aux nombreuses mamelles.
Aux colonnes BK, CL, étaient adaptés des candélabres à bras mobiles S, T. L'hémisphère étant bien hermétiquement fermé par une plaque métallique BC, on remplissait de lait le petit autel MN, qui communiquait, d'une part, avec l'intérieur de la statue par un tube marqué d'un trait pointillé au milieu de l'autel; d'autre part, avec le dôme creux par un autre tube deux fois recourbé NKBX. Au moment du sacrifice, on allumait les deux lampes D, E en tournant les bras S, T, de manière que la chaleur de la flamme allât frapper le plafond CB du dôme. L'air enfermé à l'intérieur de cette boîte hémisphérique, se dilatant sous l'influence de la chaleur, sortait par le tube XBK, pressait le lait renfermé dans l'autel et le faisait remonter par le tube droit jusque dans l'intérieur de la statue, à la hauteur des mamelles. une série de petits conduits, entre lesquels se divisait le tube principal, portaient le liquide jusqu'aux mamelles, par où il jaillissait au-dehors, à la grande admiration des spectateurs. Le sacrifice fini, on éteignait les lampes et le lait cessait de couler.
Portes qui s'ouvraient quand on allumait le feu sur l'autel.
Les anciens avaient aussi construit dans leurs temples des sanctuaires dont les portes s'ouvraient toutes seules au commencement du sacrifice, et se refermaient spontanément à la fin. Héron d'Alexandrie nous a transmit la description des deux procédés qu'ils employaient pour obtenir ce résultat.
Soit d'abord (fig. 2) une base creuse ABCF, sur laquelle sont posés l'autel ED et la porte. Les deux battants de cette porte tournaient autour d'axes dont les prolongements ab, cd faisaient corps avec les battants eux-mêmes; de sorte que si les grands cylindres ab, cd venaient à tourner, ils faisaient mouvoir les battants de la porte. Les extrémités inférieures et supérieures de ces axes portaient sur des tourillons; mais la figure ne fait voir que ceux de l'extrémité inférieure en c et en d. Dans l'intérieur du compartiment creux ABCF, il y avait un vase GK qui communiquait par un tube Gf avec le creux de l'autel ED, et par un siphon KL avec un autre vase NX. L'anse de ce second vase était attachée aux deux cylindres ab, cd par des cordes qui s'enroulaient, l'une de haut en bas, l'autre de bas en haut. Deux autres cordes étaient enroulées en sens contraire à la partie inférieure des cylindres, et étaient tendues par un poids Q qui passait sur une poulie de renvoi V. Le vase GK était préalablement rempli d'eau par l'orifice P que l'on bouchait ensuite bien hermétiquement. Au moment du sacrifice, le feu étant allumé sur l'autel, l'air dilaté par la chaleur à l'intérieur de cet autel ED pressait la surface du liquide renfermé en GK, et forçait l'eau à monter dans le siphon KL, d'où elle tombait dans la marmite NX. Celle-ci, devenue plus pesante descendait, et, tirant les cordes enroulées à la partie supérieure des cylindres ab, cd, faisait ouvrir les portes. Lorsque le feu venait à s'éteindre, l'eau repassait de la marmite NX dans le vase GK par le même siphon, par suite de la raréfaction de l'air, et, les effets contraires se produisant, les portes se fermaient.
Le P. Kircher a proposé, en décrivant cet appareil, d'y ajouter un nouveau siphon vv, au moyen duquel le mouvement de fermeture s'opère sans qu'il soit préalablement nécessaire d'éteindre ou d'enlever le feu.
La marmite NX étant remplie, le siphon vv se trouve amorcé, et la marmite se vide entièrement par ce siphon. Bientôt alors, le contre-poids Q devient plus lourd que la marmite, et, par la traction qu'il exerce sur les cordes enroulées à la partie inférieure des cylindres, il referme les portes. de l'une ou de l'autre manière, le sacrifice se trouve terminé mystérieusement au grand ébahissement des assistants.
Le second procédé, indiqué plutôt que décrit par Héron d'Alexandrie, diffère peu du précédent. Il suffit encore d'enlever le feu de l'autel pour que les portes se referment. La fig. 3 en donne la représentation.
Nous n'avons pas à nous arrêter aux parties communes aux deux figures, parties désignées par les mêmes lettres. Le mécanisme fondamental consiste ici dans la faculté que possède une outre G de forme convenable de se dilater en largeur quand elle gonflée, tandis qu'elle s'allonge et descend plus bas quand elle se vide. Un trait pointillé indique la position de l'outre vide, position dans laquelle le poids H tire sur les axes des portes, de manière à tenir ces portes fermées. Au contraire, dès que la flamme de l'autel a suffisamment dilaté l'air renfermé dans le compartiment creux DE, cet air gonfle l'outre, et le poids H, prenant la position marquée en traits pleins sur la figure, ce poids cesse sur les portes qui sont alors ouvertes par l'influence du contre-poids. Le contraire a lieu dès que l'extinction du feu vient à raréfier de nouveau l'air de l'autel.
La roue à l'eau lustrale.
Clément d'Alexandrie rapporte, au sixième livre de ses Stromates, que, dans les temples égyptiens, on trouvait des roues qu'il suffisait de tourner pour obtenir en abondance de l'eau lustrale dont on avait besoin. C'est encore Héron d'Alexandrie qui, par la trente et unième question de ses Pneumatiques, nous fournit l'explication du mystère. Dans les temples égyptiens, dit-il, il y a sous les portiques des roues d'airain mobiles autour de leur axe, que ceux qui entrent font tourner, parce que l'airain passe pour purifier. Il y a aussi des vases pour recevoir l'eau que les personnes qui vont entrer doivent employer aux aspersions. Voici comment la rotation de la roue fera couler l'eau dans ces vases.
Derrière le portique est caché un vase ABCD rempli d'eau, percé au fond d'un orifice E. A la base inférieure est fixé un tube FHK que traverse l'orifice E prolongé. Un autre tube LM est fixé par le bout L au fond du premier tube, et est muni d'un orifice P percé dans le prolongement du premier orifice E. Enfin un tube intermédiaire NOQ portant une roue S, et percé d'un orifice qui peut prendre une position verticale dans l'axe des deux premiers, se meut à frottement entre les deux premiers. Pour que l'eau coule, il suffira de tourner la roue S, de manière à amener l'orifice intermédiaire dans la même verticale que les deux premiers.
On voit donc qu'il ne s'agissait là que d'une espèce de robinet tout à fait analogue à celle que nous employons encore aujourd'hui pour tirer le vin. Mais ce robinet dont on a fait plus tard un robinet à plusieurs fins, et qui est, à proprement parler, le premier linéament de l'ingénieux tiroir de la machine à vapeur, était un des procédés dont les prêtres égyptiens avaient longtemps gardé le secret pour eux seuls. Il paraît qu'ils croyaient faire par la roue un appel aux intelligences supérieures qu'ils appelaient inges, ministres de la Divinité suprême. C'était Mophta, le génie de la nature aquatique, qui fournissait l'eau sacrée nécessaire au culte, et surtout aux cérémonies lustrales.
Magasin pittoresque, juillet 1849.
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