Les étrangers en Algérie.
M. Savarie a publié dans la Revue française de l'étranger et des colonies, un travail intéressant sur les étrangers en Algérie.
En examinant séparément la situation des trois départements, on a les chiffres suivants:
Français Étrangers
(y compris les
israélites)
Alger................................................106.313 69.603
Oran................................................. 80.746 109.956
Constantine..................................... 75.163 47.993
_______ _______
262.222 227.552
En d'autres termes, défalcation faite des indigènes sujets français, la population des départements d'Alger et de Constantine se compose de Français pour 6/10 et d'étrangers pour 4/10; celle du département d'Oran se compose de Français pour 4/10 et d'étrangers pour 6/10.
Ce ne sont donc pas seulement des marins, des ouvriers, des artisans et des commerçants que nous envoient l'Espagne, l'Italie et les autres pays d'Europe, mais aussi des agriculteurs, c'est à dire des colons dans toute la véritable acceptation de ce terme.
Les statistiques publiées à l'appui des travaux annuels du conseil supérieur de l'Algérie nous apprennent que, depuis l'année 1865, c'est à dire depuis l'époque où l'on a instauré un régime de naturalisation spécial à la colonie, jusqu'en 1887, les étrangers qui ont demandé et obtenu la qualité de citoyens français sont au nombre de 11.095, se répartissant ainsi:
Allemands, 3.538; Américains, 6; Anglo-Maltais, 353; Autrichiens et Hongrois, 42; Belges, 270; Danois, 2; Égyptiens, 10; Espagnols, 1.905; Grecs, 15; Haïtien,1; Hollandais, 28; Italiens, 2.948; Israélites indigènes, 200; Luxembourgeois, 40; Marocains, 347; Mexicains, 3; Indigènes musulmans, 705; Portugais, 1; Roumains, 2; Russes polonais, 76; Suédois, 12; Suisses, 359; Syriens, 3; Tripolitains, 4; Tunisiens, 211; Turcs, 14.
On ne doit pas considérer comme étrangers, au vrai sens du mot, ni les 3.538 Allemands, ni les 200 Israélites indigènes, ni les 705 indigènes musulmans qui figurent dans ces statistiques.
Les premiers sont sans doute, des Alsaciens-Lorrains. Quant aux indigènes musulmans et Israélites, ils étaient déjà, avant leur naturalisation, sujets français. Le nombre des étrangers naturalisés en Algérie n'est donc que de 6.600 en chiffres ronds pour une période de vingt trois ans, ce qui est assez peu assurément, et ce qui prouve que les facilités offertes pour la naturalisation ne sont pas encore assez grandes
M. Savarie pense, avec raison, qu'il serait injuste de prétendre que l'élément étranger supplante l'élément français, et qu'il est plus vrai de dire que les étrangers ne prennent que la place laissée libre par l'élément français. Il est malheureusement évident que l'immigration nationale ne fournit pas, en Algérie, tous les éléments utiles à l'accomplissement de l'oeuvre de colonisation ou les fournit en quantité insuffisante, et que les étrangers nous sont des auxiliaires aussi utiles et même aussi indispensables que le sont les indigènes.
Journal des Voyages, dimanche 21 avril 1889.
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