S'il l'eût voulu, Huysmans, pouvait allonger sensiblement sa nomenclature. Outre l'Armoise, des plantes très diverses, la Vermiculaire (sedum acre) , la Millefeuille (Achillea millefolium) et le lierre terrestre (Glecoma bederacea) , sont à la fois désignées sous ce même vocable: Herbe Saint-Jean.
La Renoncule bulbeuse (Ranonculus bulbosus) s'appelle Rave de Saint-Antoine; l'Actée (Actoea spicata) est l'herbe de Saint-Christophe; la Criste-Marine, l'Herbe de Saint-Pierre; la Persicaire (Polygonum hydropiper) , l'Herbe Saint-Innocent; la Tanaisie (Tanacetum Vulgare), l'Herbe Saint-Marc. Nous avons encore l'Eupatoire (Eupatorium cannabinum), l'Herbe de Sainte-Cunégonde et la Pivoine (Poeonia officinalis), dite parfois Herbe Sainte-Rose, mais qui porte également le titre de Rose de Notre-Dame.
D'autres fleurs des bois et des champs ont été mises sous ce dernier patronage. Par exemple, la Pariétaire qui, parmi tous ses noms vulgaires, a celui d'Herbe Notre-Dame, la Clématite des haies (Clematis vitalba) appelée Berceau de la Vierge, le Liseron des haies (Convolvulus sepium) surnommé Manchette de la Vierge, l'Ancolie (Aquilegia vulgaris) et la Digitale (Digitalis purpurea) connues l'une et l'autre sous le nom poétique de Gant de Notre Dame.
J'allais oublier l'Herbe Saint-Barthélémy ou du Paraguay et le bois de Sainte-Lucie. Cet arbre, du reste, n'a été ainsi "baptisé" que parce qu'il croit abondamment dans les Vosges, près du village de Sainte-Lucie. Et pourquoi le chiendent reçoit-il, en certaines provinces, la bizarre appellation de Sainte-Neigne?
Quaesitor.
P.S.: La liste est loin d'être complète, j'aurai du y faire entrer: l'Herbe à la vierge (la Marrube, le Narcisse des poètes) ; l'Herbe de Saint-Albert (le Vélar) ; l'Herbe de Saint-Antoine (l'Epilobe, la Dentelaire, l'Euphorbe fétide, la Scofulaire) ; l'Herbe de Saint-Benoit ( la Benoite) ; l'Herbe de Saint-Etienne (la Circée pubescente) ; l'Herbe de Saint-Félix (la Scrofulaire des bois) ; l'Herbe de Saint-Fiacre (l'Héliotrope d'Europe, la Molène, le Bouillon blanc) ; l'Herbe de Saint-George (la Gesse, la Clandestine) ; l'Herbe de Saint-Guillaume (l'Aigremoine eupatoire) ; l'Herbe de Saint-Innocent (la Renouée, la Persicaire âcre) ; l'Herbe Saint-Jacques (le Séneçon d'Afrique) ; l'Herbe de Saint-Jean (le Millepertuis, le Chrysanthème des près, l'Orvale) ; l'Herbe de Saint-Julien (la Sarriette) ; l'Herbe de Saint-Laurent (la Bugle, la Menthe pouliot, la Sanicle d'Espagne, l'Asclépiade double-venin) ; l'Herbe de Saint-Lucien (l'Arnique des montagnes) ; l'herbe de Saint-Paul (la primevère) ; l'Herbe de Saint-Philippe (la Guède ou pastel) ; l'Herbe de Saint-Pierre ( la Primevère, la Bacile, la Parietaire ou Passe-Pierre) ; L'herbe de Saint-Roch (la Pulicaire, le Psyllion, l'Aunée dysentérique) ; l'Herbe de Saint-Zacharie (le Bluet) ; l'Herbe de Sainte-Barbe ( la Roquette barbarée) ; l'Herbe de Sainte-Catherine (la Balsamine des bois) ; l'Herbe de Sainte-Claire (la Mâche) ; l'Herbe de Sainte-Elisabeth (l'Hélianthème) ; l'Herbe de Sainte-Othilée ( le Pied-d'alouette des champs, la Dauphinelle) ; l'herbe de Sainte-Quiterie (la Mercuriale).
Un botaniste en signalerait d'autres encore, mais à quoi bon? Ce qui offrirait plus d'intérêt, ce serait de rechercher le motif pour lequel ces plantes ont été ainsi nommées.
L'Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux, 30 août 1903.
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