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jeudi 7 novembre 2013

Les commodités aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Les commodités aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Dans un Conducteur général de l'étranger à Paris, de Teyssèdre, qui porte la date de 1835 (Aug. Garnier, libraire) se trouvent indiqués tous les cabinets d'aisance existant alors dans Paris au prix de 15 centimes.
Ces petits locaux de première nécessité n'étaient qu'au nombre de dix; ce qui évidemment était peu et ce qui justifiait l'exclamation d'Alexandre Dumas père, éloigné de ces divers édicules à un de ces moments d'urgents où il aurait été ravi de s'en trouver plus rapproché.
Le Guide ajoute à la nomenclature ces lignes qui me laissent rêveur:

"Indépendamment de ces cabinets, on trouve sur toutes les places publiques, sur les boulevards, les quais, les carrefours, des cabinets ambulants ou petites voitures nommées vespasiennes. Il y a un côté pour les hommes et un pour les dames. Prix: 10 centimes."
C'est la première fois que je vois mentionné l'existence des cabinets ambulants, avec compartiments distincts suivant le sexe de la clientèle. Existe-t-il quelque gravure représentant ces véhicules? Comment y accédait-on? Les femmes ne devaient-elle pas être atrocement gênées d'y entrer coram populo? Les vespasiennes vécurent-elles longtemps?

                                                                                                        Léon Brunschvicg.

On aurait tort de penser que le sujet, quoique malpropre, ne méritent pas les investigations des chercheurs; il est intéressant surtout au point de vue de l'histoire de l'hygiène.
Comme nos aïeux observaient mal ses lois, ce qui ne les empêchait pas de mourir de vieillesse bien plus souvent que d'autres maladies, leurs tempéraments mieux trempés que les nôtres, les rendaient moins sensibles aux attaques des microbes et ils n'en avaient point peur.
Pourtant, les anciennes coutumes avaient prévu quelques hypothèses où les lois hygiéniques auraient été par trop méconnues. S,i par exemple, quelqu'un a l'idée saugrenue d'établir des latrines tout près du puits de son voisin. 
" Qui veut bâtir privées commodités, est tenu de bâtir deux pieds de muraille en chaux et sable, auparavant que d'arriver à la muraille du voisin." (usement de Rennes.)
"On ne peut faire latrines près du puits à eau de son voisin, sinon qu'il y ait entre deux neuf pieds d'espace et distance." (usement de Nantes.)
Tels étaient les règlements pour les commodités privées, et les ordonnances de la police de Nantes réglaient aussi les édicules publics, qu'on commença à bâtir vers l'année 1730, pendant la mairie de Gérard-Milier.
Les procureurs se plaignaient au bureau de ville parce que les clercs de la basoche perdaient leur temps à se gausser d'un dégoûtant spectacle, qu'on pouvait voir au port Maillard.
"Les latrines publiques étaient installées sur les murailles au-dessus du port Maillard, les matières sortaient par un des créneaux, et tombaient sur les passants qui franchissaient la grande porte qui servait d'entrée au port." (Intermédiaire Nantais.)
On comprend que cela faisait rire les jeunes clercs des procureurs et sergents, mais les gens sérieux demandaient avec insistance que le bureau de ville remédiât à cet état de choses.
Ce fut fait, et on restaura les commodités, ce qui n'empêcha pas les Nantais de déserter les lieux publics, pour aller se satisfaire au grand air, le long du mur de l'enclos des capucins, situé à la fosse.
Les projets grandioses de Graslin pour embellir la ville avaient été cause que le couvent était environné de ruelles où les bon pères ne pouvaient circuler le soir sans être exposés à salir leurs sandales.
Le père Victorin délaya sa bonne encre dans du fiel pour présenter à M. de Becdelièvre une juste requête à laquelle on eut sans doute fait droit sans les lois de 1792 qui firent disperser les congrégations.
Quand les capucins revinrent après la tourmente révolutionnaire, ils purent constater que les hommes de la révolution avaient fait quelques bonnes lois, et celles de 1790 et 1791 leur permit de défendre leur mur contre les outrages et souillures que lui faisaient des gens trop pressés ou trop peu gênés.
Ces lois punissent, chacun le sait, ceux qui déposent des ordures le long des murs des édifices publics ou des propriétés privées; on sauvegarde ainsi tout à la fois les intérêts de l'hygiène et des bonnes mœurs.

                                                                                                 Joseph de Trémaudan.

L'Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux, 20 novembre 1903.

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