Les envahissements de la race allemande.
Les chiffres de la statistique ont parfois leur éloquence. Sait-on combien, en dehors du territoire de l'Europe, il y a d'Allemands disséminés sur tout le reste du globe? Un peu plus de neuf millions. Ce renseignement suffit pour expliquer les prodigieux progrès de l'industrie germanique et la puissance d'absorption de cette pieuvre immense dont la tête est à Berlin et dont les tentacules sont partout.
Il est intéressant d'examiner de près, dans un article d'Unsere Zeit les mailles du réseau serré que l'Allemagne est en train d'étendre sur l'univers.
C'est aux Etats-Unis qu'est en ce moment le quartier général de l'armée d'invasion. Sept millions et demi de sujets de l'empereur Guillaume II sont devenus pour la forme des citoyens Américains, tout en conservant la langue, les idées, les habitudes, les mœurs de la mère patrie.
Encore quelques années et les métropoles des Etats de l'Ouest deviendront des villes aussi germaniques que les capitales de la Saxe ou de la Bavière. Il y a 59.000 Allemands à Saint-Louis et 133.000 à Chicago. San Francisco et la Nouvelle-Orléans ne sont pas aussi complètement envahies, mais leur tour viendra; il y a 13.000 Allemands dans la première de ces villes et 16.000 dans la seconde. Cette infiltration continue permet de comprendre les changements qui se sont opérés dans les mœurs politiques et privés de la population américaine. Une colonie purement anglaise à l'origine est en train de se transformer en une colonie allemande. C'est une métamorphose où la douceur des habitudes de la vie sociale et le développement des principes de liberté n'ont absolument rien à gagner.
Les Européens du Nord ont de la peine à supporter le climat des tropiques, aussi les Allemands n'ont-ils pu s'établir qu'en petit nombre aux Antilles. Ils n'ont pas essayé d'exploiter les îles anglaises qui sont peu prospères comme on peut s'en convaincre en lisant une très complète description des Indes Occidentales récemment publiée par le Harper's Magazine. En revanche, ils ont fondé d'importantes maisons à Cuba, à Curaçao et surtout à Haïti. Les noirs de notre ancienne colonie de Saint-Domingue, qui parlaient à peu près notre langue et sont fiers d'avoir quelques gouttes de sang français dans les veines, sont tombés sous la domination commerciale de l'Allemagne. Unsere Zeit nous apprend qu'en 1877 les deux tiers des cafés exportés par le port des Gonaïves ont été expédiés à Hambourg.
Au cap Haïtien, la part faite au pavillon allemand est un peu plus faible, elle n'est que de moitié, et, elle se réduit à un tiers à Port-au-Prince. La Westminster Review, dans ses appréciations sur l'avenir aux Antilles, prédit que Haïti deviendra tôt ou tard une colonie britannique.
Dans toutes les régions de l'Amérique du Sud où les blancs peuvent résister au climat, la race germanique pullule. On ne compte pas moins de 80.000 Allemands dans la seule province de Rio-Grande do Sol, qui est le grenier à blé du Brésil.
La Plata semblait destinée à recevoir une colonie essentiellement latine. C'est vers Buenos-Ayres que se dirigent les courants d'émigration de la France, de l'Espagne et de l'Italie. Les Allemands, qui ne figuraient en 1880 que pour le chiffre relativement modeste de 10.000 sur un total de 430.000 étrangers, ont reçus pendant les huit dernières années des renforts considérables. Ils sont maintenant au nombre de 20.000 et, ce qui est infiniment plus grave, ils ont confisqué à leur profit tout le commerce de la République Argentine. Les quarante maisons allemandes de Buenos-Ayres ont, en fait, le monopole des importations. La plus grande partie des exportations leur appartient également; l'une d'elles fait chaque année près de 190 millions d'affaires. L'écrivain d'Unsere Zeit remarque qu'une grande partie des marchandises anglaises et françaises vendues à La Plata sont importés par les Allemands.
Le petit Moniteur illustré, 17 février 1889.
La Plata semblait destinée à recevoir une colonie essentiellement latine. C'est vers Buenos-Ayres que se dirigent les courants d'émigration de la France, de l'Espagne et de l'Italie. Les Allemands, qui ne figuraient en 1880 que pour le chiffre relativement modeste de 10.000 sur un total de 430.000 étrangers, ont reçus pendant les huit dernières années des renforts considérables. Ils sont maintenant au nombre de 20.000 et, ce qui est infiniment plus grave, ils ont confisqué à leur profit tout le commerce de la République Argentine. Les quarante maisons allemandes de Buenos-Ayres ont, en fait, le monopole des importations. La plus grande partie des exportations leur appartient également; l'une d'elles fait chaque année près de 190 millions d'affaires. L'écrivain d'Unsere Zeit remarque qu'une grande partie des marchandises anglaises et françaises vendues à La Plata sont importés par les Allemands.
Le petit Moniteur illustré, 17 février 1889.
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