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dimanche 1 novembre 2015

Le dernier amour de Goethe.

Le dernier amour de Gœthe.

Il y a cinq ans, assure la Revue Bleue, on pouvait encore rencontrer dans une petite ville d'Allemagne, une personne que Gœthe, le plus grand poète de l'Allemagne, l'auteur de Faust, avait aimée. C'était, il est vrai, la dernière, et elle avait quatre vingt seize ans.
Le poète l'avait rencontré à Marienbad, en 1821. Il connaissait depuis longtemps sa mère, qu'il appelait "une des étoiles de sa vie". Gœthe avait alors soixante treize ans. Ulrique de Levetzoff n'en avait que dix-sept. Elle était si charmante, si simple, qu'il la prit aussitôt en amitié. Il la voyait tous les jours; quand il ne l'emmenait point dans ses promenades, il lui rapportait des fleurs, ou venait, le soir, causer avec elle de botanique, de minéralogie et de littérature.
En 1823, il la retrouva encore à ces mêmes eaux de Marienbad. "Gœthe, écrivait un de ses familiers, a rencontré une violette dont il veut faire une violette immortelle. C'est une enfant, il prétend l'épouser. Quelle poétique folie!".
Et le fait que le duc de Weimar fut chargé de la demande. Il fit valoir tous les avantages d'une telle union: la femme de Gœthe serait la première de la ville; elle ne serait point séparée de ses parents; le duc, en cas du décès probable du mari, assurait son avenir. La proposition était si honorable, que les parents ne voulurent point l'écarter sans consulter leur fille.
"J'aime Gœthe, répondit-elle, comme on aime un père. S'il était seul et si je croyais lui être nécessaire, je l'épouserais peut-être. Mais il a un fils, une belle-fille; je ne puis prendre leur place."
Gœthe ne parla plus de son projet; mais il y pensa longtemps: "C'est un penchant qui me donne encore du mal" écrivait-il plus tard à un ami, et il composa pour se distraire, l’Élégie de Marienbad, dont il garda soigneusement le manuscrit à côté d'un verre où était gravé le nom de sa petite amie.
La petite amie ne se maria jamais.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 4 juin 1905.

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