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mercredi 25 novembre 2015

Un carnet de blanchissage au bon vieux temps.

Un carnet de blanchissage au bon vieux temps.


Honorables mères de famille qui gémissez en acquittant la note de la blanchisseuse, écoutez-nous bien et vous allez pleurer davantage.
Vous allez savoir ce qu'il en coûtait à nos aïeux et à nos aïeules, si coquettes sous leurs blancs bonnets tuyautés pour avoir un linge frais et décent, voici près d'un siècle, dans cette bonne ville de Paris. M. G. Bienaymé s'est, tout exprès, livré à une savante enquête et a compulsé ces archives de la famille, dits "livres de raison" où les bourgeois méthodiques inscrivaient avec les événements notoires, le grand et le menu de leurs dépenses.
En 1701, le blanchissage d'un mouchoir ou d'une serviette coûtait 2 centimes ½ . C'est depuis 1790 que nous payons un sou pour le même office. Le bonnet de nuit fut blanchi à la même époque pour 2 centimes ½. Depuis 1850, il coûte 10 à 15 centimes.
Vos jupons de percale ou de coton, qu'on nettoyait jadis pour la modique somme d'un sou, vous reviennent aujourd'hui à 30 ou 40 centimes, n'est-il pas vrai?
Passons maintenant au linge de Monsieur.
Il vous en coûte 10 à 15 centimes pour les faux-cols:
"- Ils sont si hauts! dit la blanchisseuse."
Il vous en coûte aussi 35 à 50 centimes pour les chemises d'homme.
D'après le tarif du syndicat des blanchisseurs de France, le faux-col, qui n'est guère apparu qu'en 1820, coûtait à ce moment 5 centimes, lavé et repassé; les chemises, 10 centimes en 1710, 20 centimes en 1770 et 25 centimes en 1810!
C'est à désespérer...

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 19 janvier 1908.

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