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samedi 31 octobre 2015

Je m'en moque comme de l'an 40.

Je m'en moque comme de l'an 40.

Voilà une expression familière que presque tout le monde emploie sans en connaître le sens. C'est qu'elle est fort vieille, et l'on sera surpris d'apprendre qu'elle date du XIe siècle, c'est à dire qu'elle a neuf cents ans.
On sait que l'on tremblait, au Xe siècle, de voir arriver la fin du monde.
L'an 1000 fut longtemps désigné comme le terme de l'existence de la terre, et personne n'ignore les terreurs des populations à cette époque;
L'an 1000 se passa et le cataclysme qu'on attendait ne se produisit pas.
Aussitôt les savants examinèrent le texte des Écritures Saintes et ils y trouvèrent que la phrase de Jésus sur laquelle on se basait pour croire à la fin du monde, était exactement "dans mille ans et plus".
L'an 40 devint alors la date fatale pour les superstitions des peuples, et les années qui suivirent l'an 1000 furent considérées comme des années de grâce accordées par Dieu
C'est à partir de ce moment qu'on fit, dans les actes publics, précéder le millésime des années par cette expression immuable: l'an de grâce...
Mais l'an 40 après l'an 1000 survint et rien ne changea sur la terre.
La terreur se dissipa, et nos pauvres aïeux, rassurés, se moquèrent de l'an 40 autant qu'ils l'avaient redouté.

Mon Dimanche, revue populaire illustrée, 4 juin 1905.

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