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mardi 3 novembre 2015

Le général Lasalle.

Le général Lasalle.

En Meurthe-et-Moselle, à Lunéville, en face de notre chère Lorraine, se dresse fièrement la statue du comte de Lasalle, cet incomparable général de la République et de l'Empire, dont le renom brille du plus pur éclat dans la pléiade des grands hommes de guerre de cette époque.
Arrière-petit-fils du maréchal Fabert, qui, sous Louis XIV, fut un modèle de valeur militaire, de loyauté et de désintéressement, Antoine-Charles-Louis, comte de Lasalle, naquit à Metz en 1775. Sous-lieutenant au moment où éclata la Révolution, il n'eut pas un seul instant l'idée d'émigrer ni de porter les armes contre son pays; destitué de son grade, en raison de son titre de noblesse, il s'engagea dans un régiment comme simple soldat.
Bientôt, il se distinguait par sa bravoure à Valmy, puis après en Italie, comme chef de bataillon, en Egypte et en Allemagne, comme colonel. 



A la bataille d'Austerlitz, il fut nommé général de brigade, et sa gloire ne fit que s'accroître dans les campagnes de 1806-1807, au cours desquelles, avec deux régiments de hussards, il s'empara, par un coup d'incomparable audace, de la ville de Stettin. Il participa plus tard aux victoires de Medina del Rio Seco (1808), où 12.000 Français, commandés par le maréchal Victor, battirent une armée de 36.000 Espagnols (1809). Il fut tué à la bataille de Wagram (1809), après avoir été promu général de division.
Il appartenait à un génial artiste, le plus grand peintre de batailles, sans contredit, de l'épopée impériale, au baron Gros, l'auteur de tant de magistrales compositions où figure, en une ressemblance frappante, le grand Empereur, il appartenait, dis-je, à Gros de fixer sur la toile la mâle figure et la superbe prestance du général Lasalle; de ce tableau, il a fait un chef-d'oeuvre.



Cela n'a rien qui puisse étonner de la part de l'immortel auteur de Bonaparte au pont d'Arcole, des Pestiférés de Jaffa, de la Bataille d'Aboukir, Bonaparte aux Pyramides, du Champ de bataille d'Eylau, de L'Entrevue de Napoléon et de l'empereur d'Autriche en Moravie, qui dut son titre de baron, en 1824, à quatre sujets tirées de l'histoire de France: Clovis, Charlemagne, Saint-Louis, Louis XVIII, dont il orna la coupole du Panthéon, et qui consacrèrent définitivement sa renommée.
Avec ces tableaux, il est juste de mentionner Sapho à Leucade, Charles-Quint visitant avec François 1er les tombeaux de Saint-Denis, Le départ de Louis XVIII dans la nuit du 20 mars et David jouant de la harpe devant Saül.
Dans ces différentes œuvres, Gros excella par la puissance de son invention dramatique, par la vigueur et la précision de son dessin, par la chaleur et la transparence de son coloris, comme aussi par la vie et le mouvement de ses personnages.
Aux approches de la soixantaine, cet homme de génie vit son inspiration s'affaiblir; de malveillants critiques, obéissant à une basse jalousie, attaquèrent sans pitié celui devant lequel on eût dû quand même profondément s'incliner; en 1835, navré de ces perfides attaques, le maître s'enfuit de Paris la mort dans l'âme, et quelques jours après, l'on retrouvait son corps près de Meudon, dans un étang, où, de désespoir, il s'était jeté.
Cette triste fin d'un homme qui eût dû mourir comblé d'honneur, est à la confusion et à la honte de piètres envieux qui, s'ils réussirent à lui donner la mort, ne purent, du moins, lui enlever l'immortalité.

                                                                                                         Emile Fouquet.

Le Magasin pittoresque, janvier 1913.

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