Une ferme des Vosges.
(Bas-Rhin)
L'aspect est sévère. Nous sommes au Ban de la Roche. Quelques kilomètres au delà, nous arrivions au Champ du feu, le plateau le plus élevé du Bas-Rhin. Les saisons froides et pluvieuses sont longues; souvent la neige comble les vallées et isole les habitants; les sentiers sont roides; la vie est laborieuse et dure. Cependant, là aussi, l'esprit des vieux temps se rajeunit. On commence à bâtir les fermes en pierre et en brique; on cherche à se garantir de l'humidité, qui était impossible d'éviter avec le système de construction dont le crayon toujours intéressant de M. Schuler nous donne ici un exemple.
Si vous observez bien, vous remarquerez que cette charrette de foin, traînée par quatre chevaux, entre dans le grenier de la maison. Le petit escalier, à gauche, mène à la galerie de bois d'un étage supérieur. En vous transportant de l'autre côté, vous verriez que la façade descend très-bas, et que plus de la moitié de la ferme est adossée à la montagne. Il peut être plus commode pour le paysan de faire entrer ainsi ses récoltes par charretées sous son toit. Mais comment défendre le mur et les chambres, pressées contre le sol, de l'infiltration des pluies?
Il faut songer à la santé des enfants: les enfants font les hommes; c'était une des recommandations d'Oberlin en son temps, et la cherté croissante des bois de construction est venue en aide à ses enseignements. Son influence ne continue pas à se faire sentir seulement dans les améliorations matérielles: les mœurs aussi s'adoucissent; on prend goût à l'instruction; selon son vœu, on envoie les enfants aux écoles, et, dans les soirées d'hiver, on lit, en s'étonnant déjà de ce qu'on pouvait être quand on ne savait pas lire.
Le Magasin pittoresque, mars 1866.
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