Le téléphone dans les hôtels
en Amérique.
en Amérique.
On essaie partout, de plus en plus, de supprimer les domestiques. Dans les grands hôtels surtout cette suppression est devenue presque une nécessité. Quand on songe qu'en Amérique les hôtels de huit ou dix étages ne sont pas rares et qu'à chaque étage les chambres se distribuent sur plusieurs paliers, on frémit en pensant au nombre des domestiques qui doivent se trouver, à chaque instant, à la disposition des voyageurs.
Il faut qu'un valet ou une femme de chambre se trouvent continuellement, nuit et jour, sur les paliers à proximité des chambres de façon à pouvoir accourir au premier coup de sonnette; dans la chambre, ils ne font que recevoir les ordres et les transmettre au domestique chargé spécialement du service dont on a besoin. Ce sont ces valets et femmes de chambre qu'on essaie de supprimer.
Les chambres sont rassemblées en un certain nombre de secteurs et dans chacune d'elles se trouve un téléphone à main disposé à la tête du lit.
Tous les fils téléphoniques d'un même secteur se rendent dans un cabinet spécial où se trouve de garde, nuit et jour, un domestique. Ce cabinet est disposé à peu près comme nos bureaux téléphoniques. Le voyageur qui a un ordre à donner, sonne; aussitôt le numéro de sa chambre apparaît sur le tableau indicateur et le domestique enfonçant dans le trou correspondant la cheville d'un appareil à main se met immédiatement en communication avec le voyageur qui lui transmet ses ordres.
A son tour le domestique fait passer l'ordre à l'office ou dans telle autre partie de l'hôtel et en quelques minutes les ordres sont exécutés, bien plus rapidement même que d'habitude, sans que le voyageur ait eu besoin de se déranger le moins du monde.
Cela est, comme vous voyez, de la plus grande commodité. Plus de longues attentes après le coup de sonnerie; à peine le bouton de l'appareil est-il pressé que la conversation s'engage: "Allô! allô!"
Rien ne dit qu'un jour ou l'autre les propriétaires d'hôtel ne réaliseront pas un des rêves de notre collaborateur Robida; grâce à un léger supplément de prix, les voyageurs pourront prendre des chambres d'où ils entendrons les différents spectacles, à leur choix. Ce ne sera pas tout à fait le musicophone de chevet de Robida, mais ce sera déjà un grand pas fait vers la réalisation du théâtre en chambre, par l'installation de théâtrophones dans les grands hôtels.
Il est probable que cette utilisation du téléphone, qui jusqu'à présent n'a été pratiquée qu'en Amérique et dans quelques villes anglaises, va tendre à se généraliser. Les frais de première installation seront peut être assez élevés, mais ils seront largement compensés par tous les avantages qu'on retirera dans la suite de ces installations.
B. Laveau.
La Science illustrée, 30 juillet 1892.
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