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samedi 17 octobre 2015

Les balles animées.

Les balles animées.


Les deux jouets représentés par nos gravures sont très simples, très amusants et très instructifs en même temps parce que leur action est le résultat de la combinaison d'un assez grand nombre de principes de mécanique.
Le premier est constitué de deux balles de bois portant chacune un anneau. Dans ces deux anneaux on passe une élastique double et le jouet est construit.



Pour le mettre en mouvement, on tord le fil de caoutchouc en tenant une des balles dans sa main tandis que l'autre est restée sur le sol. On fait décrire à cette dernière un chemin circulaire en imprimant à la main un mouvement giratoire. Quand l'élastique est suffisamment tordue, on prend dans sa main la balle restée libre, on les pose toutes les deux sur le sol et on les lâche en même temps.
Aussitôt le fil se détord et les deux balles se mettent à tourner sur le sol en courant l'une après l'autre circulairement. A mesure qu'elles tournent plus vite, les deux balles s'écartent l'une de l'autre, entraînées par la force centrifuge, agrandissant ainsi le cercle dont elles parcourent la circonférence. Puis, peu à peu, leur vitesse diminue, le cercle se rétrécit et les balles s'arrêtent. Mais la vitesse que leur avait imprimé l'élastique en se détordant, s'étant conservée pendant quelques instants encore, leur a permis de tordre le double fil de caoutchouc en sens contraire, si bien qu'elles ne s'arrêtent qu'un moment pour repartir en sens inverse. Ce double mouvement se continue assez longtemps jusqu'au moment où les deux balles, n'acquérant pas une vitesse assez grande, ne puissent plus tordre l'élastique.
Le second jouet est beaucoup plus original que le premier. 



Voici ce qu'on en fait. C'est une balle creuse absolument semblable extérieurement aux balles de caoutchouc que possèdent les enfants. Vous lancez cette balle en ayant soin de lui imprimer un rapide mouvement de rotation sur elle-même. La personne à laquelle vous l'avez lancée tend les mains pour la recevoir, mais elle est toute étonnée de voir la balle décrire en l'air une série de courbes bizarres, telles que nous les avons représentées dans la partie supérieure de notre gravure.
Si vous lancez la balle devant vous pour atteindre un objet, vous la verrez, au lieu de suivre la ligne directe, revenir brusquement sur ses pas, puis tourner, virer et décrire en fin de compte le chemin tracé sur la partie inférieure de notre gravure.
Ces mouvements bizarres sont dus à un petit artifice de construction. Sur la paroi interne de la balle est attaché au moyen d'une petite bande un poids assez léger. C'est ce poids qui entraîne à chaque instant la balle et lui fait faire des mouvements désordonnés.
Ce poids excentrique par rapport à la balle n'épouse à aucun moment le mouvement qu'on a imprimé à cette dernière. La rapide réaction dont elle est animée au départ fait qu'à chaque instant le petit poids entraîné par la force centrifuge tend à s'échapper par la tangente. Comme d'autre part, il est lié à la balle, il entraîne cette dernière  dans son mouvement et lui fait parcourir les chemins les plus bizarres.
C'est là un jouet très simple et très amusant, car il peut intriguer bien des personnes qui resteront longtemps avant de se rendre compte qu'une balle absolument semblable aux autres et parfaitement ronde, puisse s'écarter de son chemin sans qu'aucun agent extérieur intervienne, et malgré l'impulsion primitive qu'on lui aura transmise.
Il semble que cette balle ne soit plus soumise aux lois  de la mécanique alors qu'au contraire ce sont ces mêmes lois qui lui permettent de prendre des mouvements variés. Presque tous les jouets, et particulièrement les plus surprenants, reposent d'ailleurs sur des principes très simples. Il ne s'agit que de savoir les appliquer et en tirer des effets merveilleux; mais en cela réside la grosse difficulté. Dans un des derniers numéros, nous vous parlions des culbutants; rien n'est plus simple et pourtant leur mouvement étonne absolument au premier abord.

                                                                                                                Alexandre Rameau.

La Science illustrée, 30 juillet 1892.

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