Dérivation des sources de l'Avre.
Il y a une dizaine d'années, Paris manqua d'eau. Les habitants se plaignirent, les savants s'émurent et les journaux crièrent.
Le fait, pour une fois, en valait la peine et en 1881, M. Bechmann, alors ingénieur ordinaire, fut chargé d'étudier la question et de procéder à une statistique générale des sources du bassin de la Seine. De 1881 à 1884, on passa en revue 635 sources et après divers projets, on s'arrêta sur celui qui visait la dérivation de l'Avre et de la Vigne. Le devis s'élevait à 45 millions. Vers la fin de l'année 1885 le conseil municipal adopta le projet, vota la somme et les travaux du tracé commencèrent.
Mais, ce furent les riverains qui réclamèrent. L'Avre sert de force motrice à de nombreuses usines: papeteries de MM. Firmin Didot, filatures de MM Waddington, etc.; les indemnités réclamées étaient énormes; les considérations électriques pesaient également très lourd dans la balance, si bien que l'on dut traîner l'affaire en longueur. Ce fut seulement le 5 juillet 1890 qu'une loi déclara d'utilité publique, la dérivation des sources de l'Avre. Enfin, au mois de mai 1891, la première tranchée fut ouverte.
En réalité, il ne s'agit point des sources de l'Avre mais bien celles de la Vigne. Il est bon d'ajouter cependant, que la Vigne alimente presque à elle seule la rivière de l'Avre. Ces sources sont situées à Rueil, dans le département d'Eure-et-loir, sur les confins du département de l'Eure, à 4 kilomètres sud-ouest de Verneuil, une des stations de la ligne Paris-Granville. C'est un vallon assez sauvage, peu profond et sans accidents pittoresques. Le lieu lui-même s'appelle le Nouvet, du nom d'un vieux moulin détruit et remplacé aujourd'hui par une métairie. C'est là que, sur un espace d'environ 1 kilomètres de long, se trouvent les fameuses sources dont l'eau si pure ira défendre du choléra la population parisienne. Elles jaillissent au milieu de prairies spongieuses et présentent, au regard, comme de vastes cuvettes, parfaitement rondes pour la plupart et au fond desquelles, à travers une nappe liquide de deux ou trois mètres, on distingue les moindres détails des dépôts sablonneux agités en mille endroits par les tressaillements de l'infiltration souterraine. Chacune de ces sources est déjà baptisée. Voici les noms des principales: le Chène, le Blaou, Erigny, les Graviers, les Foisys. Actuellement, la source d'Erigny est seule en voie de captage. Ce travail se fait de la manière suivante.
L'aqueduc, qui a, en moyenne, 3 mètres de profondeur sur 1 mètre de large, est amené le plus près de la source. Alors on livre passage à l'eau et la source se vide. Il ne reste plus qu'une nappe liquide de 0,10 m à peine, et les ouvriers peuvent facilement creuser et tailler le terrain selon les plans arrêtés. D'ici peu on va s'occuper du captage des autres sources. toutes ces eaux, amenées par divers canaux, viendront se concentrer à 1,500 m. de là, à l'origine de l'aqueduc principal. C'est là aussi que sera établie l'ouverture du jaugeage imposé. Car la loi n'autorise qu'un captage de 1.280 litres par secondes. Le surplus (s'il y en a ?) retournera au lit de la rivière.
Depuis ce point de départ jusqu'aux bassins, situés à Saint-Cloud, la ligne offre un développement de 102 kilomètres avec de nombreuses sinuosités motivées par les besoins d'une pente régulière. A Rueil, la cote est de 146,30 m. A Saint-Cloud, elle est de 107 m. Or, on estime que l'eau coulera avec une vitesse de 1 mètre par seconde. Il lui faudra donc 28 heures pour arriver à Paris.
Prenons maintenant la canalisation sur son parcours. L'aqueduc est un cylindre en maçonnerie de 0,20 m. d'épaisseur, revêtue extérieurement d'une chape en ciment qui est destinée à empêcher toute infiltration malsaine. Intérieurement, ce tube mesure 1,80 m. de diamètre, sauf dans les 20 premiers kilomètres où, la pente étant plus accentuée, on a réduit cette dimension à 1,70 m., afin d'assurer la régularité de l'écoulement général. Le conduit est revêtu d'un enduit en ciment Portland de 0,20 m. d'épaisseur. Quant à la pente régulière, elle est de 0,40 m. par kilomètre pour le conduit de 1,70 m. et de 0,30 m. pour le reste du parcours. L'aqueduc est enfoui à des profondeurs variables suivant les cotes du terrain. A quelques endroits, il apparaîtra en relief avec un recouvrement de terre. Mais on évite autant que possible cet inconvénient et la profondeur ordinaire des tranchées varie ente 3 et 7 mètres. Pour ces travaux, ce sont des grues à vapeur qui ont opéré le déblaiement au moyen de bennes en tôle.
Lorsque les accidents de terrains ont nécessité une profondeur supérieure à 7 mètres, le système de la tranchée a été abandonné pour celui du souterrain.
Ch. de Coynart.
La Science illustrée, 9 juillet 1892.
Prenons maintenant la canalisation sur son parcours. L'aqueduc est un cylindre en maçonnerie de 0,20 m. d'épaisseur, revêtue extérieurement d'une chape en ciment qui est destinée à empêcher toute infiltration malsaine. Intérieurement, ce tube mesure 1,80 m. de diamètre, sauf dans les 20 premiers kilomètres où, la pente étant plus accentuée, on a réduit cette dimension à 1,70 m., afin d'assurer la régularité de l'écoulement général. Le conduit est revêtu d'un enduit en ciment Portland de 0,20 m. d'épaisseur. Quant à la pente régulière, elle est de 0,40 m. par kilomètre pour le conduit de 1,70 m. et de 0,30 m. pour le reste du parcours. L'aqueduc est enfoui à des profondeurs variables suivant les cotes du terrain. A quelques endroits, il apparaîtra en relief avec un recouvrement de terre. Mais on évite autant que possible cet inconvénient et la profondeur ordinaire des tranchées varie ente 3 et 7 mètres. Pour ces travaux, ce sont des grues à vapeur qui ont opéré le déblaiement au moyen de bennes en tôle.
Lorsque les accidents de terrains ont nécessité une profondeur supérieure à 7 mètres, le système de la tranchée a été abandonné pour celui du souterrain.
Ch. de Coynart.
La Science illustrée, 9 juillet 1892.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire