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dimanche 25 octobre 2015

Marteaux de porte au moyen âge.

Marteaux de porte au moyen âge.


Le Magasin pittoresque a fait paraître dans son vingt troisième volume (1855) les dessins de plusieurs beaux heurtoirs ou marteaux de porte du moyen âge, et l'indication d'un grand nombre de pièces de serrurerie du même genre, dont quelques unes sont figurées dans divers recueils. En publiant actuellement un nouveau modèle, d'après un heurtoir du quinzième siècle, que l'on a pu voir l'automne dernier à l'exposition du Musée rétrospectif, nous y joignons quelques explications historiques empruntées au savant Dictionnaire raisonné de l'architecture française, de M. Viollet le Duc.
" Les premiers heurtoirs paraissent avoir été de petits maillets suspendus extérieurement aux huis des portes.

D'un maillet qui là pent a sus l'uis assené. (1)

Les anneaux de fer attachés à des têtes de bronze en dehors des portes dès une époque très-ancienne, servaient également de heurtoirs, car ils sont souvent munis d'une boucle en partie renflée qui frappait sur une grosse tête de clou. Ces anneaux facilitaient le tirage des vantaux lorsqu'on voulait fermer la porte; de plus, ils étaient à la porte de certaines églises un signe d'asile..."
M. Viollet le Duc donne dans son Dictionnaire le dessin d'un heurtoir à anneau au onzième siècle, encore attaché à la porte du nord de la cathédrale du Puy, le plus ancien, dit-il, qui lui soit connu en France, et un autre du commencement du treizième siècle, attaché à la porte occidentale de la cathédrale de Noyon. La tête et l'anneau sont en bronze. 
"Mais, ajoute l'auteur, ces heurtoirs à anneaux paraissent avoir été particulièrement destinés aux portes d'églises, par suite peut-être de la tradition du droit d'asile. Aux vantaux des portes d'habitation, les heurtoirs sont primitivement, ainsi que nous le disions tout à l'heure, des maillets, puis, plus tard, des marteaux suspendus au moyen de deux tourillons. Les plus anciens dont nous avons pu nous procurer les dessins sont très-simple de forme, et ne sont ornés que par les gravures au burin qui couvrent la tige du marteau ainsi que les deux boucles servant à maintenir ses tourillons. Les heurtoirs du quinzième siècle sont moins rares."
M. Viollet le Duc cite celui  de la porte de l'Hôtel-dieu de Beaune, et donne les dessins de deux autres: l'un qui se trouve à Châteaudun, l'autre à Troyes, au Musée. Ces heurtoirs, comme ceux du siècle précédent, ne sont autre chose que des marteaux suspendus frappant sur une tête de clou, mais les formes en sont plus compliquées, plus recherchées: celui du Musée de Troyes, par exemple, représente un enfant portant dans ses mains un écusson armorié; les ferrures qui servent à attacher les marteaux aux portes offrent des dessins dans le goût de l'architecture du temps, ou bien l'armature découpée à jour rappelle les formes contournées du style flamboyant alors à la mode.
"Au seizième siècle, on revient aux heurtoirs en forme d'anneaux ou de boucle avec poids à l'extrémité, pour les portes d'hôtels ou de maisons. Il en existe de fort jolis de ce genre aux Musées du Louvre et de Cluny. Les heurtoirs à marteaux ne furent plus en usage que pour les portes d'habitations rurales."



C'est donc au seizième siècle qu'appartiendrait, à n'en juger que par sa forme générale, le heurtoir qui est ici figuré; mais il n'y a pas en ces matières de règle absolue, et, par le détail des ornements, comme par le travail, l'attribution au quinzième siècle, que l'on trouve dans le catalogue du Musée rétrospectif, nous semble parfaitement justifiée. Ce heurtoir était autrefois attaché à la porte d'une maison de la ville de Mons en Belgique. On sait que, jusqu'à une époque avancée, l'art de la ferronnerie et de la serrurerie a été pratiqué avec une grande habilité dans les Flandres, comme dans le nord de la France et dans les pays d'Outre-Rhin.


(1) Roman de Berte aux grans piés, ch. XLV.

Le Magasin pittoresque, mai 1866.

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