Philippe le Beau et Jeanne la Folle.
De ces deux personnages, il n'y a pas grand chose à dire historiquement.
Philippe le Beau était fils de Maximilien d'Autriche, qui fut plus tard empereur, et de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire. En 1496 (il avait alors seize ans), il épousa l'infante Jeanne, fille de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle de Castille. En 1504, à la mort d'Isabelle, il fut proclamé roi de Castille, et en 1506, aidé de la vieille haine des Castillans conte les Aragonais, il de dégagea de la tutelle où le tenait son beau-père, Ferdinand le Catholique. Il mourut cette année même.
Jeanne n'avait que quatorze ans lorsqu'elle épousa Philippe le Beau. L'indifférence que lui témoigna son mari, pour lequel elle avait la plus tendre affection, l'abandon où il la laissa, altèrent sa raison. A la mort de Philippe, elle devint tout à fait folle. On la sépara à grand peine du cadavre de son mari, qu'elle fit ensuite retirer du tombeau et embaumer, et qu'elle plaça sur un lit de grande parade.. Puis, elle parcourut l'Espagne, marchant de nuit, avec tout le lugubre appareil des funérailles, suivie du cercueil de Philippe, qu'une longue file de valets accompagnait avec des torches. Enfin, elle permit qu'on déposât dans une sépulture, près de Burgos, , le corps de celui qu'elle avait tant aimé et auquel elle survécut jusqu'en 1555. Elle fut inhumée dans la cathédrale de Grenade, où l'on voit encore son tombeau, à côté de celui de Philippe le Beau, qu'on y avait transporté de Burgos.
Le jeune archiduc d'Autriche, roi de Castille, est donc très-peu intéressant comme on le voit; Jeanne n'est célèbre que par sa folie et par son attachement passionné pour un mari peu digne de tant de tendresse; mais le mariage de l'héritier de Maximilien avec l'héritière de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle de Castille est un des grands faits de l'histoire, parce que Charles-Quint en est né et parce qu'il fit la grandeur de la maison d'Autriche. Jamais cette maison ne suivit avec plus de profit sa fameuse devise:
Jeanne n'avait que quatorze ans lorsqu'elle épousa Philippe le Beau. L'indifférence que lui témoigna son mari, pour lequel elle avait la plus tendre affection, l'abandon où il la laissa, altèrent sa raison. A la mort de Philippe, elle devint tout à fait folle. On la sépara à grand peine du cadavre de son mari, qu'elle fit ensuite retirer du tombeau et embaumer, et qu'elle plaça sur un lit de grande parade.. Puis, elle parcourut l'Espagne, marchant de nuit, avec tout le lugubre appareil des funérailles, suivie du cercueil de Philippe, qu'une longue file de valets accompagnait avec des torches. Enfin, elle permit qu'on déposât dans une sépulture, près de Burgos, , le corps de celui qu'elle avait tant aimé et auquel elle survécut jusqu'en 1555. Elle fut inhumée dans la cathédrale de Grenade, où l'on voit encore son tombeau, à côté de celui de Philippe le Beau, qu'on y avait transporté de Burgos.
Le jeune archiduc d'Autriche, roi de Castille, est donc très-peu intéressant comme on le voit; Jeanne n'est célèbre que par sa folie et par son attachement passionné pour un mari peu digne de tant de tendresse; mais le mariage de l'héritier de Maximilien avec l'héritière de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle de Castille est un des grands faits de l'histoire, parce que Charles-Quint en est né et parce qu'il fit la grandeur de la maison d'Autriche. Jamais cette maison ne suivit avec plus de profit sa fameuse devise:
"Bella gerant alii; tu, felix Austria, nube;
Nam quæ dat Mars aliis, dat tibi regna, Venus."
(Que d'autres fassent la guerre; toi, heureuse Autriche, fais des mariages; car les rotaumes que Mars donne aux uns, c'est Vénus qui te les livre.)
Grâce à cette union, en effet, la maison d'Autriche, qui s'était élevée et agrandie par un mélange de force et de ruse, réunit à ses possessions d'Allemagne et des Pays-bas, l'Espagne, les Deux-Siciles et le nouveau monde, et Charles Quint fut l'héritier universel des quatre maisons d'Aragon, de Castille, d'Autriche et de Bourgogne.
Le caractère de chacune de ces races se retrouve-t-il dans le fils de Philippe le Beau et de Jeanne la folle? Oui, répond M. Miguet dans une page que l'on peut citer comme le meilleur exemple de sa méthode synthétique et de son style:
"Issu de ces quatre maisons, il en a représenté les qualités variées et, à plusieurs égards, contraires, comme il en a possédé les vastes et divers Etats. L'esprit toujours politique et souvent astucieux de son grand-père Ferdinand le Catholique; la noble élévation de son aïeule Isabelle de Castille, à laquelle s'était mêlée la mélancolique tristesse de Jeanne la Folle, sa mère; la valeur chevaleresque et entreprenante de son bisaïeul Charles le Téméraire, auquel il ressemblait de visage; l'ambition industrieuse, le goût des beaux-arts, le talent pour les sciences mécaniques de son aïeul l'empereur Maximilien, lui avaient été transmis avec l'héritage de leur domination et de leurs desseins."
Cette transmission se fit par le mariage de Philippe le Beau et de Jeanne la folle, et recommande le souvenir de leurs noms. Finissons en rappelant le tableau (Musée du Luxembourg) de M. Monvoisin, qui représente Jeanne tenant dans ses mains la main déjà refroidie de Philippe, et le jeune Charles, au pied du lit, les yeux tristement fixés sur son père mort et sur sa mère folle.
Le Magasin pittoresque, août 1866.
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