Pèlerinages à Jérusalem.
Origine de la protection de la France accordée aux Saints Lieux.
Origine de la protection de la France accordée aux Saints Lieux.
On parle beaucoup, de nos jours, des immenses inconvénients pour la santé publique résultant des agglomérations de pèlerins musulmans qui, au mépris de toute précaution hygiénique, traversent des espaces immenses pour se rendre à la Mecque. Au quinzième siècle, les musulmans auraient été certainement dans leur droit, s'ils avaient adressé à Rome pareille réclamations au nom de la santé publique.
On ne peut, en effet, se figurer le degré de misère et de souffrances auxquels se condamnaient les pèlerins chrétiens qui entreprenaient, sans les moindres prévisions parfois, le voyage de Jérusalem.
Tout manquait à la fois à ces pauvres gens: moyens de transport convenables, provisions, vêtements; la mortalité qui se déclarait souvent parmi eux était réellement effrayante. Aujourd'hui, grâce à des compagnies qui savent pourvoir à tout, les pèlerins arrivent sains et saufs, et sans grandes fatigues, sous les murs de la ville sainte à une heure dite; mais aussi n'est-il plus guère permis de se glorifier d'un voyage à Jérusalem.
Dans son curieux récit sur les Pèlerinages en terre sainte avant les croisades, M. Ludovic Lalanne établit que nulle particularité curieuse ne nous est parvenue sur ces aventureuses excursions antérieures à la fin du cinquième siècle.
Au temps de Charlemagne, on put les entreprendre avec quelque sécurité, résultat naturel des soins vigilants du grand empereur. Un hospice, fondé dans Jérusalem même, était toujours prêt à recevoir ceux des pieux voyageurs qu'avait atteints la maladie. Les remèdes de l'âme n'étaient point négligés: il y avait une bibliothèque de manuscrits chrétiens à Jérusalem. Des aumônes nombreuses, d'ailleurs, étaient envoyées pour soulager les pauvres, à quelque nation qu'ils appartiennent.
"Depuis cette époque, les chrétiens d'Orient ne cessèrent, dans leurs moments de détresse, de réclamer le secours et l'assistance de la France, qui répondit toujours à leur appel, dit M. Lalanne, jusqu'au moment où ses armées allèrent les arracher à la domination musulmane. Ainsi, suivant le moine de Saint-Gall, la Germanie, sous Louis le Germanique, fut forcée "de payer un denier par chaque tête de bœuf et par chaque manoir dépendant du domaine royal. Cet argent étoit destiné à racheter les chrétiens qui habitoient la terre sainte, et qui, dans leur misère, sollicitoient leur délivrance comme anciens sujets de Charlemagne et de son fils."
"Après les croisades, les rois de France continuèrent le rôle de Charlemagne, et les populations reconnaissantes ont conservé jusqu'à nos jours le souvenir de cette antique protection."
Le Magasin pittoresque, juillet 1866.
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