Les chevaux de Napoléon.
Napoléon 1er avait plus de vingt chevaux de bataille. C'était, dira-t-on, un cavalier passionné. Que non pas! L'Empereur avait été trop souvent désarçonné par ses montures pour ne pas être un peu ému chaque fois qu'il en essayait une nouvelle.
Pourtant, les bêtes qui devaient avoir un jour l'honneur d'entrer dans ses écuries étaient remarquablement dressées. C'était l'écuyer Jardin père, qui était chargé de les assouplir. Et il n'était pas de moyens que cet habile homme n'employât pour arriver à fournir à son illustre maître des chevaux de tout repos.
On les fustigeait cruellement, et le plus souvent sans prétexte, on battait du tambour près d'eux, on leur tirait des pétards aux oreilles, on agitait des drapeaux devant leurs yeux; on leur jetait dans les jambes toutes sortes d'objets et jusqu'à des animaux vivants, tels que des moutons ou des porcs.
Quand on était arrivé à leur faire subir journellement toutes ces épreuves sans qu'ils donnassent le moindre signe de frayeur, les pauvres animaux étaient déclarés bons pour le service de l'Empereur.
Dans les dernières années de son règne, Napoléon avait pour monture favorite un cheval arabe pour lequel il éprouvait une véritable affection*. C'est que l'on eût dit que cette bête savait qui elle avait l'honneur de porter. Quand elle était au repos, attendant que l'Empereur la demandât, elle portait la tête basse, avait l’œil terne, et restait immobile, comme un cheval fourbu. Mais sitôt que les tambours battaient aux champs, annonçant l'arrivée de Napoléon, l'animal était comme transfiguré. Il se redressait, son œil brillait; il piaffait joyeusement; et jamais l'Empereur passant ses troupes en revue, n'avait plus grand air que quand il montait ce singulier cheval qui se transformait à son approche.
A Wagram, Napoléon montait un cheval blanc du nom d'Ali, qui avait été pris en Egypte sur Ali-Bey, par un dragon du 18e régiment. Le soldat le monta quelque temps; puis, après une escarmouche, la bête tomba entre les mains des Mamelucks, mais les Français le reprirent peu après, et on le vendit au premier Consul dont elle fut longtemps la monture favorite.
Aux jours de bataille, les chevaux que montait l'empereur faisait l'admiration de tous ceux qui ne savaient pas par quels prodiges de patience on arrivait à les dresser. Bien souvent, on vit des obus éclater près d'eux sans qu'ils fissent un écart.
Mon dimanche, revue populaire illustrée, 1er septembre 1907.
* Nota de Célestin mira:
Il s'agit probablement de Vizir, un cheval arabe offert par la Turquie à Napoléon et qui devint son cheval préféré. Napoléon fit les campagnes de Prusse et de Pologne sur ce cheval qui le suivit dans son exil sur l'île d'Elbe. Vizir mourut à l'âge de 33 ans et fut naturalisé. après avoir appartenu à de nombreux propriétaires, il fut restauré et appartient depuis 2004 au Musée de l'Armée.
Napoléon et Vizir par Ernest Meissonier. |
La restauration de Vizir. (France-info, Culturebox, Stéphane Hilarion) |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire