Les on-dit du mois.
Une maladie dont nous sommes atteints depuis de longues années, sévit en ce moment avec une rigueur extrême.
Cette maladie est biennale et se manifeste sitôt que le Printemps s'annonce et fait renaître les bourgeons.
On la nomme la "suffragite".
Les individus qui en sont affectés présentent des phénomènes qui permettent de poser le diagnostic à coup sûr.
Il en existe deux catégories.
La première et la seconde.
Ceux qui appartiennent à la première sont pris d'un espèce de frénésie ambulante, ils vont par les rues le sourire gracieux et engageant, la main tendue vers ceux de la seconde catégorie.
Le plus souvent, après une pression énergique des extrémités digitales, le groupe, ainsi formé, pénètre chez un débitant de boissons variées, qui sert à chaque membre du groupe, un de ses nombreux produits. Quelques mots échangés de part et d'autre, ainsi que des promesses, et le malade de la première catégorie donne quelque monnaie au débitant qui sourit.
Les malades de la deuxième catégorie sont calmes au début, l'état aigu se présente au moment de l'officielle ouverture de la période électorale qui est la cause déterminante de la maladie qui nous occupe.
A partir de ce moment, ils éprouvent une violente excitation cérébrale qui provoque de leur part des discours plus ou moins cohérents; cette excitation est produite probablement par la lecture d'affiches polychromes par lesquelles ils apprennent que des gens, sollicitant l'honneur de représenter le peuple dans une des assemblées où ces représentants ont accoutumé de se réunir, sont les pires des scélérats.
Les malades de la première catégorie éprouvent à l'égard les uns des autres une violente phobie.
Ceux de la seconde sont dans le même cas, suivant que leur voix porte dans l'une des directions indiquées plus haut.
Les malades de la première catégorie sont aussi, quelquefois, atteints du délire de la persécution; ils voient partout des gens conspirant contre eux et il en résulte des accusations réciproques.
On peut alors lire sur les murs des affiches où il n'est question que d'infamies, guet-apens, mensonges, faux, trahison, concussions, pots de vin, etc., etc. C'est un léger aperçu des occupations auxquelles ils se livrent pendant la période qui sépare chaque accès de la maladie.
Ils présentent alors de la folie mystique, ils prêchent alors dans de grandes salles, et ayant fait l'étalage de toutes les misères dont souffre l'humanité (exception faite de la suffragite), ils prétendent tous être le seul, l'unique, qui pourra régénérer le monde en le transformant en société généreuse (cette manie, quoique peu dangereuse, ne devra pas être flattée par trop).
Les malades de la seconde catégorie écoutent plus ou moins attentivement et à la fin ils lèvent les bras en l'air et poussent des cris divers.
A la sortie, ils échangent leurs impressions et tous tombent d'accord pour reconnaître qu'ils n'ont rien compris.
Il arrive cependant que certains d'entre eux se livrent à des gestes désordonnés, cela se traduit par quelques faces traumatisées.
Cette période aiguë et délirante dure quinze jours et se termine un dimanche soir.
Il peut se produire une rechute, les mêmes phénomènes réapparaissent et les malades sont définitivement guéris huit jours après.
On a essayé toutes sortes de traitement qui jusqu'ici ont échoué.
Cependant, un chimiste distingué, doublé d'un chercheur opiniâtre, pense avoir découvert dernièrement un remède efficace.
Il s'agirait d'un sérum que l'on obtiendrait en injectant trente centimètres cubes de sueur de conseiller municipal à un âne.
Une simple injection hypodermique de ce sérum immuniserait les électeurs contre les dangers de la suffragite.
Jusqu'à présent cette maladie était commune à l'homme; depuis quelque temps, elle se répand chez le genre féminin.
Il y a maintenant des suffragettes.
D. Beuvot.
Les Annales de la Santé, 15 mai 1912.
Nota de célestin Mira:
On peut alors lire sur les murs des affiches où il n'est question que d'infamies, guet-apens, mensonges, faux, trahison, concussions, pots de vin, etc., etc. C'est un léger aperçu des occupations auxquelles ils se livrent pendant la période qui sépare chaque accès de la maladie.
Ils présentent alors de la folie mystique, ils prêchent alors dans de grandes salles, et ayant fait l'étalage de toutes les misères dont souffre l'humanité (exception faite de la suffragite), ils prétendent tous être le seul, l'unique, qui pourra régénérer le monde en le transformant en société généreuse (cette manie, quoique peu dangereuse, ne devra pas être flattée par trop).
Les malades de la seconde catégorie écoutent plus ou moins attentivement et à la fin ils lèvent les bras en l'air et poussent des cris divers.
A la sortie, ils échangent leurs impressions et tous tombent d'accord pour reconnaître qu'ils n'ont rien compris.
Il arrive cependant que certains d'entre eux se livrent à des gestes désordonnés, cela se traduit par quelques faces traumatisées.
Cette période aiguë et délirante dure quinze jours et se termine un dimanche soir.
Il peut se produire une rechute, les mêmes phénomènes réapparaissent et les malades sont définitivement guéris huit jours après.
On a essayé toutes sortes de traitement qui jusqu'ici ont échoué.
Cependant, un chimiste distingué, doublé d'un chercheur opiniâtre, pense avoir découvert dernièrement un remède efficace.
Il s'agirait d'un sérum que l'on obtiendrait en injectant trente centimètres cubes de sueur de conseiller municipal à un âne.
Une simple injection hypodermique de ce sérum immuniserait les électeurs contre les dangers de la suffragite.
Jusqu'à présent cette maladie était commune à l'homme; depuis quelque temps, elle se répand chez le genre féminin.
Il y a maintenant des suffragettes.
D. Beuvot.
Les Annales de la Santé, 15 mai 1912.
Nota de célestin Mira:
Affiche 1889. |
Boulangistes conte opportunistes. |
Suffragettes. |
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