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lundi 11 juillet 2016

Une séance de boxe au cirque d'été.

Une séance de boxe au cirque d'été.

Le sport, sous toutes ses formes, nous envahit de plus en plus, et voici la boxe, non la gracieuse boxe française, enseignée par Charlemont, mais la boxe anglaise, celle qui tuméfie les figures et fait couler le sang, presque implantée dans nos mœurs.
Nous disons presque, car il n'est pas dit que la séance dont nous venons d'être témoin au Cirque d'été et qui avait été organisée par un Anglais, avec des éléments anglais, sera suivie de beaucoup d'autres.
Elles comprenaient six adversaires groupés deux à deux. Au centre du cirque planchéié pour la circonstance, un espace carré, entouré de cordes, forme le "ring". Sortir du ring, c'est s'avouer vaincu. Les boxeurs sont introduits, et la vue de ces gaillards, tout en muscle, soulève de bruyantes exclamations.
Mais déjà les coups pleuvent dans le ring et vraiment de terrible manière. La préfecture de police a bien imposé le gant de combat: précaution superflue qui n'empêche pas le sang de jaillir et couler sur la figure et les épaules des adversaires.
Les assauts, qui se suivent jusqu'à épuisement de l'un des deux champions, durent de trois à quatre minutes. dès que le "Timekeeper", celui qui compte les minutes, a prononcé le mot: Time, "c'est le moment!", les boxeurs s'arrêtent, et la lutte cesse, si ardente qu'elle soit. Les deux champions courent alors s'asseoir vis-à-vis l'un de l'autre aux deux angles du ring, et, se renversant sur leur chaise, ouvrent la bouche toute grande pour aspirer l'air qu'un des assistants, leur envoie à l'aide d'une énorme serviette.






Pendant ce temps, un autre aide lave leur langue et leur visage sanguinolent avec une éponge imbibée d'eau et de vinaigre; puis on leur sert un grog avec lequel ils se gargarisent.
Une minute à peine s'est écoulée. Le sacramentel Time retentit de nouveau et la lutte recommence avec plus d'acharnement encore qu'à la première passe.

                                                                                                                  Emile Barbier.

L'Illustration, 26 décembre 1891.

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