Côte d'Ivoire.
A la suite de la mission confiée en 1899 au chef de bataillon du génie Houdaille, alors capitaine, un plan de travaux publics, constituant l'outillage économique nécessaire au développement normal de notre colonie de la Côte d'Ivoire, fut élaboré. Ce plan comportait un double effort:
a) Percement d'un canal de 7 mètres de profondeur au-dessous du niveau moyen de la mer et la faisant communiquer avec la lagune à Petit-Bassam, où se trouve un trou sans fond, canal qui permettra aux navires calant 6 mètres de remonter jusqu'au port intérieur d'Abidjan. Le devis qui fut établi se montait à 4.000.000 en chiffres ronds.
b) Conctruction d'un chemin de fer d'Abidjan vers l'intérieur. Le premier tracé relevé par la mission Houdaille fut révisé en 1903, par le capitaine du génie Crosson-Duplessis; la variante adoptée raccourcit la ligne, qui d'ailleurs ne présente pas de grosses difficultés d'établissement, car les constructeurs n'auront pas à combler des marais comme au Dahomey (La Lama), ni de grands ouvrages d'art à édifier comme en Guinée. Les évaluations, largement calculées, font ressortir le prix du kilomètre à 78.000 francs.
C'est sur la partie des fonds de l'emprunt de 65.000.000, mis à sa disposition par le gouverneur général Roume, que la colonie de la Côte d'Ivoire va entreprendre en régie et le percement du canal et la mise en oeuvre du chemin de fer. Le commandant Houdaille a été chargé de diriger les travaux qui ne sauraient être en de meilleurs mains.
A l'heure où paraîtront ces lignes, trois mois se seront écoulés depuis que le premier coup de pioche a été donné. Déjà, à Petit-Bassam, les travaux avancent avec rapidité. Le canal, au 1er avril, était élargi à 20 mètres sur une longueur de 300 mètres, et les 500 mètres qui restaient à creuser sont attaqués sur la moitié de leur longueur. On peut donc espérer que bientôt, la jonction sera faite avec la mer. Il ne restera plus qu'à élargir et à approfondir au moyen de dragues à succion. Trois ans ont été prévus pour l'achèvement du canal maritime. Nul doute que le directeur des travaux ne gagne quelques mois sur ce délai.
Quant au chemin de fer, dont le tracé sur 79 kilomètres, d'Abidjan à Ery-Makouguié, a été adopté définitivement par le comité des travaux publics des colonies, il est amorcé sur 6 kilomètres en plate-forme, où circule un matériel Decauville. Des logements en brique et en bois ont été construites pour le logement du personnel européen.
Quinze cents noirs sont employés à ces travaux, menés avec intelligence et activité, qui font le plus grand honneur au commandant Houdaille et à ses dévoués collaborateurs.
G. Benin.
Le petit Journal militaire, maritime, colonial, supplément illustré paraissant toutes les semaines, 10 juillet 1904.
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