Fête à Trianon.
L'idée de donner une fête de bienfaisance à Trianon, au profit de l'oeuvre des Crèches de Versailles, de faire revivre un moment ce joli hameau de théâtre qu'affectionna Marie-Antoinette en l'animant de travestissements à la mode du temps lointain de sa splendeur et de sa nouveauté était en soi, une idée très séduisante; cette fête avait attiré une foule nombreuse.
Mais les jolis costumes de l'époque Louis XVI étaient fort rares parmi cette foule, submergés, perdus dans le flot des robes et des vestons démocratiques.
La kermesse, au milieu de ces maisonnettes enguirlandées de fleurs, la laiterie, le moulin, le temple de l'Amour compta cependant des épisodes pittoresques:
sur les marches du moulin, Mme la comtesse de Guerne et quelques autres chanteurs mondains soupiraient des refrains du passé: l’Âne Martin, le Meunier et Madelon;
à la laiterie, Mme la comtesse de la Rochefoulcauld dirigeait tout un frémissant essaim de marchandes de lait;
sur un théâtre en plein vent, Mme Bartet, plus exquise que jamais, disait comme elle seule sait le dire, des vers de circonstance; et "sous la coudrette" enfin, comme on eût dit au temps jadis, des jeunes filles du monde, en robes à paniers, dansaient avec grâce des menuets surannés.
Et la part des malheureux fut très, très grosse.
L'Illustration, 6 juillet 1901.
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