Guerre aux mouches.
Durant les grandes chaleurs, et surtout dans les contrées méridionales, les mouches sont parfois un véritable fléau.
Les irritantes et incessantes attaques dont l'homme et les animaux sont l'objet de la part de cet insecte, les souillures dont il couvre les meubles, le linge, les aliments, les cas d'excitation folle auquel il réduit les bestiaux en général, peuvent à peine être évités, malgré les nombreuses précautions que l'on prend dans les villes et les campagnes.
Comment se préserver d'un essaim de mouches ou de moucherons, de cousins, de moustiques?
Certains pays dans le midi de la France sont fréquentés plus particulièrement par les mouches: la Provence, le Languedoc, le Dauphiné. Les côtes de l'Italie en sont infestées.
L'abondance de ces insectes est telle dans les départements de la Drôme, des Bouches-du-Rhône, du Var, des Alpes-Maritimes, que l'industrie a dû s'exercer pour inventer des engins de destruction ou de préservation.
On connait, à Paris, l'usage du papier empoisonné dit tue-mouches, exportation espagnole désignée: papel mata-moscas, fort employé aussi dans le midi, mais qui a l'inconvénient que voici: les mouches empoisonnées ne meurent pas sur l'assiette où est le papier.
On emploie utilement dans plusieurs départements un appareil en toile métallique, dans l'intérieur duquel les mouches pénètrent pour sucer du sucre ou un autre objet et n'en peuvent plus sortir.
Dans les magasins où sont en dépôt du sucre, de la réglisse, du beurre, etc., on étale des assiettes pleine d'un poison liquide qui offre le même inconvénient que le papier tue-mouches. dans ces magasins, le sol, les tables, les bureaux, les étagères sont jonchés de mouches mortes.
On voit dans beaucoup de salles de restaurants des rubans blancs, larges de 4 à 5 centimètres, se croisant près du plafond et se développant sur la longueur de la salle. Ce sont des engins non destructeurs, mais accapareurs de mouches. Les mouches attirées par ces lignes blanches s'y posent pendant quelque temps et laissent les dîneurs au repos.
Dans les salles et les cuisines dépourvues de ces appareils, les mouches pullulent et obscurcissent l'air. Les nappes des tables des restaurants sont littéralement noircies par les mouches.
Les maisons bourgeoises ne sont pas exemptes de ce fléau. Pendant les repas, on est fort incommodé, et l'on doit charger un domestique, armé d'un plumeau fait en morceaux de papier, ou d'une branche de mûrier ou de peuplier, de chasser ces hôtes importuns.
Sur les places publiques, dans les rues, dans les écuries, on voit de malheureux animaux couverts de mouches qui sucent leur sueur. C'est sous le ventre que ces insectes se posent de préférence. On constate des cas d'excitation folle chez les ânes et les mulets qui sont devenus la proie des mouches. Il y a une espèce de mouche dite bovine qui pénètre dans les yeux et les narines des bestiaux et les rend furieux.
Le seul moyen de se préserver des mouches est de se renfermer dans une complète ou presque complète obscurité. La mouche se plaît au jour et au soleil. Les appartements où règne un demi-jour en sont à peu près exempts.
D.
Le Musée universel, revue illustrée hebdomadaire, premier semestre 1875.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire