16 septembre 1560.
Exécution du faux Martin Guerre.
Exécution du faux Martin Guerre.
Né à Andaye, dans le pays des Basques, après dix ans de mariage avec Bertrande de Rols, dont il avait eu un enfant, Martin Guerre fut obligé de passer en Espagne; il y prit les armes et le canon lui emporta une jambe à la bataille de Saint-Quentin.
Son absence durait depuis huit ans, quand on le voit, ou plutôt quand on croit le voir revenir: tout le monde le reconnait: femme, sœur et oncle. On ne fait aucune difficulté à l'admettre dans tous ses droits d'homme et privilèges d'époux.
Un soldat de Rochefort passe par hasard et publie que le vrai Martin Guerre est en Flandre: on n'en tien compte. Cependant, une altercation s'élève entre le neveu et l'oncle: celui-ci s'adresse à la justice. Le prétendu Martin Guerre est interrogé: il répond de manière à confondre l'incrédulité même. Il sait la vie de celui dont il porte le nom jour par jour, instant par instant. Il en a d'ailleurs tous les signes caractéristiques: deux soubredents à la mâchoire inférieure, une cicatrice au front, un ongle du premier doigt enfoncé, trois verrues sur la main droite, une autre au petit doigt, une goutte de sang à l’œil gauche, etc.
Sur cent cinquante témoins, quarante le reconnaissent pour Martin guerre; soixante n'osent se prononcer; cinquante soutiennent que c'est Arnaud de Tilh, dit Pansette, du bourg de Sagies.
En effet, c'était lui: Martin Guerre arrive de Flandre, et, malgré sa jambe de bois, prouve son identité: Arnaud de Tilh, confondu, dévoile lui-même toute sa ruse.
Par arrêt du parlement de Toulouse, il est pendu devant la porte de Martin Guerre, et son corps jeté au feu. Ses biens furent adjugés à une fille qu'il avait eue de Bertrande de Rols, pendant les trois ans qu'elle avait habité avec lui de bonne foi.
Journal des demoiselles, septembre 1844.
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