Le "fort Chabrol" d'Alger.
"Le fort Chabrol es mort; vive la villa antijuive!" criaient les partisans de M. Max Régis en se verrouillant dans la mignonne forteresse d'Alger.
Et avec une ardeur jalouse, dans le but d'éclipser les détenus volontaires du fort parisien, les assiégés par persuasion entassaient des provisions pour des mois et des mois...
Le souvenir du radeau de la Méduse les hantait, et pour rien au monde, ils n'auraient voulu que les Algériens pussent les contempler dans l'état de détérioration, qui caractérise les Macchabées de Géricault.
Mourrons puisqu'il le faut, pensaient les compagnons; mais mourrons, proprement... Et les conserves succédaient aux biscuits de soldats.
Mais M. Max Régis, après avoir mûrement réfléchi, s'est dit que le plaisir de narguer la police à travers des cloisons de carton-pâte, ne valait pas les os d'un grenadier antisémite et, trompant la surveillance qui ne s'exerçait pas, il donna la volée aux siens, et s'enfuit sur la mer bleue dans une gracieuse nacelle.
Le frêle esquif gagna les côtes espagnoles, et quelques heures plus tard, M. Max Régis, avec son bagage de gloire, s'établissait à Barcelone.
De là il brave juges, alguazils et reporters... Que l'exil lui soit léger et l'Espagne favorable.
J. P. A.
La Vie Illustrée, 6 octobre 1899.
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