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lundi 23 juin 2014

Des anciens mode de chauffage.

Des anciens modes de chauffage.


Avant l'invention des cheminées, dont l'usage ne s'est répandu qu'au treizième siècle, on chauffait l'intérieur des habitations au moyen de réchauds: c'étaient des récipients en tôle ou en fer forgé, ouverts au dessus, dont le fond ainsi que les côtés étaient percés de trous pour permettre la circulation de l'air, et au-dessous desquels était placé une plaque de fer plein à bords relevés, destinée à recevoir les cendres.
Ces appareils étaient montés sur trois ou quatre pieds garnis de roulettes. On remplissait le réchaud de charbon, que l'on avait soin d'allumer et de faire brûler quelque temps au dehors pour laisser se dégager la plus grande partie des gaz nuisibles; après quoi, on l'introduisait dans la chambre que l'on voulait chauffer. Dans les pièces de petites dimensions, on se servait de réchauds légers, à cuvette ronde, plate, faciles à rouler ou à porter. Pour les vastes salles, on avait de grands réchauds à caisse carrée, profonde, dont les quatre pieds reposait sur des roues et que l'on traînait, comme un chariot, par un timon. Ces derniers s'employaient surtout dans les dortoirs, les bibliothèques, les sacristies des abbayes; on les promenait de salle en salle, en les laissant séjourner dans chacune plus ou moins longtemps. Les religieux venaient s'y chauffer en sortant de l'église, dans laquelle d'étroites fenêtres dépourvues de vitraux, laissaient souvent pénétrer l'air froid, ou bien avant d'y rentrer. Lorsque les moines venaient en hiver chanter les matines, dit Viollet-le-Duc, et qu'ils restaient dans leurs stalles depuis une heure après minuit jusqu'au lever du soleil, ils devaient souffrir cruellement du froid; en sortant du chœur, ils se rendaient au chauffoir: c'était une pièce attenante au cloître et autour de laquelle on plaçait plusieurs réchauds de braise incandescente."
Les Romains employaient le même mode de chauffage. Julien raconte qu'étant à Paris pendant un hiver rigoureux, il faillit mourir asphyxié par les vapeurs d'un brasier que l'on avait allumé dans la chambre où il couchait. En Espagne et en Italie, les braseros étaient aussi en usage; ils le sont encore aujourd'hui; ils varient de forme et sont généralement en cuivre ou en bronze; celui que représente notre gravure est du dix-septième siècle. 



La longue tige élancée et façonnée en spirale qui supporte le plateau et la cuvette en forme de coupe aplatie, les justes proportions de l'ensemble, font de lui un meuble très élégant.
En France, on fabriquait autrefois des réchauds en faïence; le Musée de Sèvres en possède plusieurs datant du siècle dernier, et qui affectent la forme de vases: dans l'intérieur était cachée une boite en tôle, percée de petits trous ronds, qui contenait la braise. Les plus grands de ces vases de faïence, trop lourds pour être portés, étaient montés sur des roulettes.
On se servait aussi, dès le moyen âge, de petits réchauds, incapables d'élever la température d'une chambre, mais suffisants pour se chauffer les mains ou les pieds. Les chauffe-pieds paraissent être de date plus récente que les chauffoirs à mains. 



Les plus anciens que l'on connaisse sont du quinzième siècle: c'était des cylindres creux en terre, munie d'une anse de fer; on les plaçait dans des boites de bois servant de tabourets. Plus tard, on fit des chaufferettes plus élégantes en cuivre; on leur donnait la forme d'un vase, fermé par un couvercle à jour surmonté non-seulement d'une anse circulaire, mais d'une sorte d'armature composée de plusieurs barreaux doubles, se rejoignant en un point central. Ces barreaux étaient destinés à empêcher les vêtements de se trouver en contact avec le couvercle brûlant. On fabriquait aussi des chauffe-pieds de métal, en forme de carreau, dans les quels on versait de l'eau bouillante et que l'on enfermait dans un sac d'étoffe épaisse ou de fourrure. Ce genre de chaufferette est encore employé aujourd'hui.
L'usage des chauffoirs à main était fort répandu pendant les douzième, treizième et quatorzième siècles; on les trouve souvent mentionnés dans les inventaires jusqu'au dix-septième siècle. On s'en servait particulièrement à l'église pendant la célébration des offices. Par les temps froids, le prêtre officiant en avait même à l'autel pour se dégourdir les doigts.



Ces chauffe-mains étaient des boules creuses en métal, composées de deux demi-sphères unies par une charnière et pourvues d'un fermoir. Les deux demi-sphères, ou coquilles, étaient percées d'ouvertures rondes, oblongues, en losange, ou bien en forme d'étoile, variant de grandeur et disposées de façon à produire des dessins réguliers et à devenir un ornement. Dans l'intérieur était contenu le petit appareil de chauffage. Villard de Hennecourt, architecte du treizième siècle, décrit la manière de fabriquer ces boules: "Si vous voulez faire une escaufaite (chaufferette) de mains, vous ferez comme une pomme de cuivre de deux moitiés qui s'emboîtent. Par dedans la pomme de cuivre, il doit y avoir six cercle de cuivre; chacun des cercles a deux tourillons, et au milieu doit être une petite poêle suspendue par deux tourillons. Les tourillons doivent être contrariés en telle manière que la petite poêle à feu demeure toujours horizontale, car chacun des cercles porte les tourillons de l'autre..." Les cercles n'étaient pas toujours au nombre de six; il pouvait n'y en avoir que deux ou trois.
La petite poêle qui occupait l'intérieur du chauffe-mains était remplie de charbons allumés; quelquefois, on la remplaçait par une simple boule de fer rougie au feu. Plus tard, comme dans le chauffoir que représente notre gravure, on se servait d'une lampe, qui avait l'avantage de fournir une chaleur aussi durable qu'on le voulait. 



Dehors, ces petits instruments se portaient à la main: dans la maison ou à l'église on les suspendait auprès de soi par une chaînette ou on les posait sur un trépied. Quelque uns étaient de véritables objets d'art. M. Viollet-le-Duc, dans son Dictionnaire du mobilier, donne la figure d'une des coquilles d'une chaufferette à mains du treizième siècle: sa convexité est formée de rinceaux à jour d'un très beau style; on y voit des oiseaux harmonieusement entrelacés. Quelquefois la valeur du métal rehaussait la richesse de l'ornementation; on fabriquait des chauffe-mains en argent et en argent doré.

Magasin pittoresque, 1877.


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