Le long véhicule que l'on voit au premier plan de cette gravure est l'ancien coche de terre qui, bien qu'il ne fit guère plus de trois ou quatre lieues en un jour, mérita, lorsqu'il parut, d'être célébré comme un progrès de la civilisation.
Ordinairement tout en osier, moins la toiture qui était de toile ou de cuir, il pouvait contenir de quinze à vingt voyageurs: on y était généralement assis de côté, dos à dos, comme cela se pratique dans les wagons de troisième classe sur certaines lignes. Il n'est pas impossible que ce coche primitif existe encore dans quelques contrées de la France. En 1835, nous avons voyagé de Tournus à Mâcon dans une voiture publique presque en tout semblable pour le dessin et la disposition; on y voyait le même tablier de cuir en guise de portière, et les mêmes perches pour support de la bâche; on y était assis de côté et dos à dos.
Presque toutes les estampes topographiques, depuis la fin du seizième siècle jusqu'au commencement du dix-huitième, témoignent de l'usage universel du coche d'osier pendant cette longue période. Celle que nous reproduisons ne porte aucune date, mais c'est une de ces précieuses eaux-fortes de Matthieu Mérian, et l'on sait que ce graveur, né à Bâle en 1593, ne vint à Paris que vers la fin du premier quart du dix-septième siècle, époque à laquelle il fit en effet une grande quantité de vues et de perspective de la capitale de la France.
Ici, le point de vue, autant qu'il nous apparaît, est pris de l'endroit devenu depuis le Cours-la-Reine. Nous avons beaucoup de raisons pour croire que, dans cette estampe, gravée évidemment entre 1618 et 1620 ou 1622, l'artiste n'a pas jugé nécessaire de se montrer topographe fidèle. Ainsi l'on y voit la tour du Louvre, qui, bâtie par Philippe Auguste, fut démolie par François 1er en 1527, et on n'y aperçoit pas le pont Neuf, dont la construction, commencée par Henri III en 1578, interrompue pendant les guerres de la Ligue, fut reprise dès 1602 et complètement terminée en 1619.
Magasin Pittoresque, 1853.
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